Michael Lauber veut rester procureur général de la Confédération. L'ouverture d'une enquête disciplinaire à son encontre n'a pas entamé sa détermination à briguer un nouveau mandat. Il s'est longuement défendu devant la presse.
L'Autorité de surveillance du Ministère public de la Confédération (MPC) a annoncé juste auparavant qu'elle ouvrait une enquête disciplinaire contre Michael Lauber. Celle-ci devra éclaircir d’éventuelles violations des devoirs de fonction du procureur dans le cadre des procédures sur la FIFA. Son ouverture ne préjuge en rien de son résultat.
L'affaire tombe à un mauvais moment pour le procureur général car le Parlement doit décider en juin s'il le reconduit dans ses fonctions pour la période 2020-2023. La commission judiciaire des Chambres fédérales donnera mercredi soir sa recommandation.
Le procureur général a dit se voir comme une partie de la solution à la crise. Il revient désormais au Parlement de trancher sur la poursuite de ses activités, a-t-il déclaré devant les médias. Et de préciser qu'il avait pu faire valoir son point de vue devant une sous-commission des commissions de gestion juste avant d'apparaître devant les médias.
Attaque contre l'indépendance
Michael Lauber a évoqué une "attaque contre l'indépendance du Ministère public". Tout ne reconnaissant qu'il pouvait faire des erreurs, il ne souhaite pas que toute la discussion soit réduite à sa capacité à se souvenir ou non d'une rencontre.
Le procureur a affirmé ne pas mentir et n'avoir rien relativisé. Il s'est dit ébranlé par l'ouverture d'une enquête disciplinaire juste avant que le Parlement se prononce sur la poursuite de son mandat. Le procureur n'a pas caché sa déception face au manque de confiance de l'autorité de surveillance à son encontre.
Troisième rencontre secrète
Des rencontres informelles avec le président de la FIFA Gianni Infantino pourraient être fatales à la carrière à M. Lauber. Servant à discuter de la suite de la procédure, de telles séances ne sont pas problématiques en tant que telles. Mais le procureur aurait dû les documenter, selon l'autorité de surveillance.
Elément crucial pour l'ouverture de l'enquête disciplinaire, M.Lauber a tu une troisième entrevue secrète. En novembre 2018, il avait déclaré qu'il n'y en avait eu que deux (en 2016). Aucun des participants supposés à la troisième rencontre en 2017 ne s'en rappelle.
Dans une interview donnée fin avril, le procureur avait expliqué que de telles rencontres faisaient partie du courant normal pour faire avancer une procédure complexe et souligné que M. Infantino n'était pas prévenu dans les affaires concernant la FIFA sur lesquelles le MPC enquêtait.
La première réunion a été souhaitée par M.Infantino. Ami d'enfance du nouveau patron valaisan du football, Rinaldo Arnold a contacté le porte-parole du MPC André Marty et participé ensuite avec lui à la rencontre. Premier procureur du Haut-Valais, M.Arnold n'était toutefois pas là à titre professionnel. Si M.Lauber a évoqué des détails de l'enquête devant lui, il pourrait avoir violé le secret professionnel.
Expert externe
Dans le but de garantir une procédure objective et équitable, l'enquête disciplinaire sera confiée à un expert externe. Son nom sera communiqué séparément au public. M. Lauber risque un avertissement, un blâme ou une réduction de salaire de 10% pendant un an au plus.