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Médias: le salaire des journalistes suisses stagne depuis 14 ans

Une étude montre que le salaire des journalistes suisses stagne depuis 14 ans, alors que les conditions de travail se sont dégradées. La majeure partie de la presse helvétique est dépourvue de convention collective.

27 août 2020, 10:54
Le salaire médian des journalistes au moment de l'enquête en février 2020 était de 7333 francs. (illustration)

Les salaires des journalistes en Suisse stagnent depuis 14 ans, selon une étude menée par l’Union syndicale suisse et trois syndicats des médias (syndicom, SSM et AJS). Un des moyens les plus efficaces pour lutter contre la baisse des salaires reste la convention collective (CCT), dont la majeure partie de la presse suisse est dépourvue.

Le salaire médian des journalistes au moment de l’enquête en février 2020 était de 7333 francs, a indiqué l’USS dans un communiqué jeudi. C’est environ 800 francs de plus que le salaire médian de toutes les personnes employées en Suisse selon l’enquête fédérale sur les salaires de 2018. Cependant, depuis la dernière étude de 2006 sur la situation des travailleurs dans les médias, le salaire moyen n’a pratiquement pas bougé (7200 francs).

Les salaires les plus élevés (7900 francs en moyenne) sont versés aux journalistes du service public la SSR, suivis par la presse spécialisée (7633 francs), la presse associative (7333 francs), les publications en ligne (7279 francs) et de la presse écrite (7143 francs). Les salariés des chaînes de télévision et de radio privées sont loin derrière avec un salaire médian de 5526 francs.

L’étude souligne l’importance que revêt une convention collective de travail pour l’évolution du niveau des salaires dans une branche. Les journalistes sans CCT gagnent en moyenne 800 francs de moins par mois que ceux qui sont protégés par un tel accord.

Une CCT a de plus un effet stabilisateur sur les bas salaires: 10 % des journalistes qui bénéficient d’une CCT gagnent moins de 6000 francs. Chez celles et ceux qui n’ont pas de CCT, une personne sur dix gagne moins de 3907 francs.

Suisse alémanique et Tessin: pas de CCT

Depuis 16 ans, il n’y a plus de CCT en Suisse alémanique et au Tessin pour la presse écrite et ses offres en ligne. Seules la CCT de la SSR, conclue avec le SSM, et celle de Médias Suisses, conclue avec Impressum, en Suisse romande ainsi que la CCT d’UNIKOM, conclue avec le SSM, offrent encore une réglementation collective des conditions de travail.

La situation financière des indépendants s’est clairement dégradée par rapport à 2006. Ici, le salaire médian est passé d’un peu moins de 7000 à 5600 francs. Selon le sondage, seul un pigiste sur cinq peut réellement facturer le temps passé à rédiger. Quatre pigistes interrogés sur 5 sont payés au forfait.

Les journalistes femmes restent discriminées selon leur genre: elles gagnent entre 1900 et 3100 francs par an de moins que leurs collègues masculins. Les différences de salaire entre les sexes sont les plus faibles dans le service public.

Pression et insécurité

Les conditions de travail se sont dégradées avec une pression accrue sur les délais, montre encore cette étude. Les journalistes travaillent souvent aussi pendant leur temps libre. Dans ce climat professionnel incertain, 60% des pigistes ont peur de perdre leurs mandats et un quart des salariés leur poste de travail, un taux d’insécurité très élevé par rapport à de nombreuses autres professions. Reste que la grande majorité des journalistes interrogés continuent de s’identifier à leur métier.

Plus de 1600 journalistes ont participé à cette enquête en ligne. Près de 43% des personnes interrogées travaillent à la SSR contre 21% lors du sondage de 2006. La proportion de pigistes et de journalistes de médias en ligne est également plus élevée.

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