Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Le National disposé à doper l’arsenal antiterroriste

Les mesures policières pour lutter contre la menace terroriste ont été âprement discutées jeudi au National. Les personnes potentiellement dangereuses pourront être assignées à résidence, mais pas placées en détention, a décidé la majorité. Le débat continue vendredi.

18 juin 2020, 18:09
/ Màj. le 18 juin 2020 à 19:53
La menace terroriste en Europe demeure importante et la Suisse doit adapter ses mesures pour lutter contre le terrorisme, selon la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter.

La Suisse va renforcer son arsenal de mesures pour lutter contre la menace terroriste. Le National est entré en matière jeudi par 107 voix contre 84 sur le projet du Conseil fédéral pour les mesures policières de lutte contre le terrorisme.

Mesures policières préventives

Ce deuxième volet du projet gouvernemental prévoit le durcissement des mesures policières préventives. Ces dernières seront utilisées à titre subsidiaire, de manière complémentaire à d’autres et de façon proportionnée, a précisé Jacqueline de Quattro ( PLR/VD) au nom de la commission.

Certaines règles pourraient ne pas plaire à tout le monde et être contraires à certaines libertés, mais il faut prendre des mesures face à la menace terroriste, a dit Mauro Tuena (UDC/ZH) également au nom de la commission. Pour l’instant, la Suisse a été épargnée grâce à l’excellent travail de la police, mais il faut lui donner des instruments préventifs supplémentaires, sans attendre, a ajouté le Zurichois.

Soupçon généralisé

La gauche et les Vert’libéraux ne voulaient pas entrer en matière, estimant que le dossier devait être renvoyé au Conseil fédéral qui devait en examiner la constitutionnalité. Cette loi pourrait contrevenir aux droits humains, selon la commissaire européenne des droits de l’homme, ont rappelé plusieurs députés.

Combien de libertés sommes-nous prêts à lâcher pour un sentiment de sécurité?
Katja Christ (PVL/BL)

Les attaques terroristes ont créé des fissures dans ce sentiment de sécurité, mais ces mesures ne règlent pas le problème et vont étendre sur la population un soupçon généralisé, a plaidé Mme Christ. Ce projet, «c’est juste de l’esbroufe sécuritaire», a renchéri Léonore Porchet (Verts/VD).

Cette nouvelle loi porte atteinte aux droits humains, a abondé Franziska Roth (PS/SO). Ces mesures vont frapper des personnes qui n’ont rien fait, c’est la porte ouverte à l’arbitraire.

Endiguer la menace terroriste

Pour la droite en revanche, ces mesures doivent permettre d’endiguer la menace terroriste qui «augmente partout dans le monde depuis des années», a dit Alois Gmür (PDC/SZ). La Suisse est en retard dans ce domaine et doit mettre en place les mesures qui s’imposent, a abondé Rocco Cattaneo (PLR/TI).

Ces mesures viennent combler des lacunes que la pratique a mises en lumière. Elles doivent permettre d’empêcher qu’un nombre toujours plus grand de personnes ne se tourne vers la violence, a estimé Jean-Luc Addor (UDC/VS).

Répression insuffisante

La menace terroriste en Europe demeure importante, a souligné la ministre de la justice Karin Keller-Sutter. La Suisse a adopté une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme.

La répression ne suffit pas, il faut également une action préventive.
Karin Keller-Sutter, ministre de la justice

Des mesures sociales, thérapeutiques et préventives sont déjà mises en place pour arrêter la radicalisation. Si elles échouent, la police peut agir avec ces nouvelles mesures, a précisé la conseillère fédérale. Les mesures préventives existent déjà, notamment dans la lutte contre le hooliganisme ou les violences domestiques. Les règles proposées sont conformes au droit international, a ajouté Mme Keller-Sutter.

Le nouvel arsenal cible les individus représentant une menace mais ne pouvant faire l’objet d’une procédure pénale. Il sera possible d’obliger quelqu’un à se présenter à un poste de police à des horaires déterminés, de lui interdire de quitter la Suisse, de le confiner dans un périmètre déterminé ou de ne pas lui permettre de se rendre dans certains endroits.

Dès 12 ans?

Les mesures seraient limitées à six mois reconductibles une fois. Elles seraient décidées et autorisées par l’Office fédéral de la police (fedpol) et pourraient être combattues devant le Tribunal administratif fédéral.

Le gouvernement veut les appliquer à des personnes dès l’âge de 12 ans. «C’est une triste réalité que des enfants sont utilisés par des groupes terroristes», a déclaré Jean-Luc Addor (UDC/VS). Ces mesures viennent d’observations et de réalités concrètes, a souligné Alois Gmür (PDC/SZ).

Les députés doivent encore voter vendredi sur cet âge minimal. La gauche veut relever cet âge à au moins 14 ans, et à 18 ans pour l’assignation à résidence. Un enfant qui risque de se radicaliser a besoin de toute autre chose que de stigmatisation, a plaidé Léonore Porchet (Verts/VD).

Votre publicité ici avec IMPACT_medias