Votre publicité ici avec IMPACT_medias

L'après No Billag: diminuer la pub sur le service public profiterait surtout à Google et Facebook

Lors des débats sur l'initiative No Billag, l'idée de diminuer la publicité sur le service public pour laisser une part de gâteau aux diffuseurs privés a été évoquée. Une étude de l'OFCOM montre qu'une telle mesure profiterait surtout à Google et à Facebook.

20 mars 2018, 15:07
La suppression de la publicité en soirée serait évidemment dommageable à la RTS, mais aussi à l'économie suisse (illustration).

Une interdiction de pub le soir sur la SSR ne serait pas une bonne nouvelle pour le marché suisse. Les diffuseurs privés en tireraient très peu profit. Les entreprises helvétiques en pâtiraient. Cela serait surtout une aubaine pour Google et Facebook, selon l'OFCOM.

L'Office fédéral de la communication a été chargé par la commission des télécommunications du National d'esquisser les conséquences d'une interdiction de la publicité sur RTS1 et SRF1 à partir de 20 heures ou de 22 heures. La SSR en pâtirait en matière de revenus.

Avec une interdiction dès 20h00, elle perdrait de 105 à 115 millions de francs de recettes, sur un total actuel de 230,5 millions. Dès 22 heures, l'impact serait moindre: le manque à gagner afficherait 13 à 18 millions, selon le rapport publié mardi. Le patron de la SSR Gilles Marchand a déjà annoncé son intention de ne plus entrecouper les émissions par de la publicité.

Des miettes pour les privés

Ce que perdrait financièrement le diffuseur public ne reviendrait toutefois pas entièrement aux diffuseurs privés. Le public continuerait à regarder les programmes de la SSR, même si la publicité était interdite ou restreinte. Le taux d'audience de la SSR pourrait même augmenter, les programmes sans publicité étant plus attrayants.

Sans un investissement considérable dans leurs programmes, les diffuseurs privés suisses ne peuvent pas gagner des parts d'audience supplémentaires qui leur permettraient d'attirer les annonceurs. Selon le rapport de l'OFCOM, les télévisions privées ne pourraient récupérer que 10% de la manne publicitaire libérée par la SSR.

Les fenêtres de réclame suisse des TV étrangères en profiteraient davantage. Et encore, l'attrait serait moindre pour les annonceurs. Selon les experts, il n'existe pas d'option de substitution équivalente à la publicité télévisée à la SSR aux heures de grande audience. La portée de ce type de réclame en Suisse diminuerait de 30 à 50%.

Mauvais pour l'économie

Non seulement la branche publicitaire suisse mais aussi toute l'économie en ferait les frais. Des restrictions en matière de publicité sur les chaînes de la SSR seraient dommageables pour les entreprises qui opèrent principalement sur le marché helvétique, comme Migros ou Coop. Entre 19 et 23 heures, 57% de la réclame de la SSR est insérée par des sociétés suisses.

Une partie des dépenses publicitaires actuelles des entreprises étrangères ne serait quant à elle plus investie en Suisse. Beaucoup d'argent serait tout simplement perdu car aucun autre moyen de communication que la télévision ne permettrait d'atteindre un public de même taille et de même structure sociodémographique que celui de la SSR.

Google et Facebook

Environ 90% des recettes perdues par le diffuseur public iraient à des produits qui ne créent pas de contenu journalistique pour la Suisse comme les fenêtres étrangères, les médias sociaux ou les publications d'entreprises.

Dans le domaine en ligne, des entreprises Google ou Facebook seraient les premières à tirer avantage d'une limitation de la publicité à la SSR. Mais, dans l'ensemble, la publicité en ligne ne constitue pas un substitut équivalent à la publicité télévisée.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias