Per Thöresson, le controversé ambassadeur suédois en Suisse, va être prochainement remplacé. M. Thöresson est sous le feu des critiques pour son lobbying en faveur des avions de combat Gripen. Le ministre suédois des affaires étrangères Carl Bildt parle d'une "rotation habituelle".
L'ambassadeur Thöresson est en poste à Berne depuis 2006. Il va être envoyé à New York et remplira dès le 1er septembre prochain la fonction d'ambassadeur suppléant de la mission suédoise auprès de l'ONU, a déclaré mercredi à l'ats un porte-parole du ministère suédois des affaires étrangères. Il sera remplacé par Magnus Holm.
La décision a été prise il y a quelque temps déjà et intervient dans le cadre des rotations habituelles des ambassadeurs. "Le rappel de M. Thöresson n'a rien à voir avec les réactions négatives en Suisse liées à son travail en faveur des avions du constructeur suédois Saab", a souligné le porte-parole.
Documents internes
"Au contraire, M. Thöresson a fait exactement ce qui était attendu de lui, à savoir s'engager pour le commerce extérieur suédois", avait affirmé mardi le ministre Carl Bildt.
Une radio suédoise avait révélé mardi certains documents internes du ministère suédois des affaires étrangères, dans lesquels l'ambassadeur s'exprimait entre autres en termes peu flatteurs sur le chef du Département de la défense, Ueli Maurer.
Tirer les conséquences
Il a par exemple décrit le fait qu'Ueli Maurer s'exprime lors d'une séance décisive sur le Gripen de la Commission de sécurité du National comme un "risque".
Les documents indiquent également que Per Thöresson a étudié les positions des parlementaires suisses avant d'en rencontrer certains pour les convaincre de voter l'achat des avions. Il a notamment approché Thomas Hurter (UDC/SH), alors vice-président de la Commission, et le président du PLR et conseiller national Philipp Müller (AG).
L'ambassadeur Thöresson a noté dans son rapport qu'il avait réussi à faire changer d'avis M. Hurter. Ce dernier a contesté mardi cette affirmation et a exigé de l'ambassadeur suédois qu'il en tire les conséquences. D'autres politiciens ont également critiqué M. Thöresson.
Deuxième fois
C'est déjà la deuxième fois que des documents confidentiels de M. Thöresson destinés au ministère suédois des affaires étrangères sont rendus publics. En février, des documents montraient comment la Suède envisageait d'influencer l'opinion de la population suisse en faveur des Gripen.
Le peuple vote le 18 mai prochain sur la loi sur le fonds d'acquisition des Gripen. Le fonds, doté d'un montant de 3,126 milliards de francs, doit servir à payer les 22 avions de combat. Jusqu'à sa mise à la retraite, les avions devraient coûter un total de 6 milliards de francs, selon le Département de la défense. Pour ses détracteurs, les jets suédois devraient en fait coûter jusqu'à 10 milliards de francs.