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La ville de Genève refuse de retirer la photographie qui a fâché la Turquie

Mardi, la Ville de Genève a fait savoir qu'elle ne retirera pas une photographie exposée sur la Place des Nations, comme l'avait demandé la Turquie lundi. Didier Burkhalter a soutenu la décision de la ville.

26 avr. 2016, 16:17
/ Màj. le 26 avr. 2016 à 18:25
La photographie de Demir Soenmez n'a pas plu aux autorités turques qui ont demandé son retrait.

La Ville de Genève n'a pas accédé à la demande de la Turquie. Se disant attachée à la liberté d'expression, elle refuse de retirer une photographie exposée sur la Place des Nations mettant en cause le président Recep Tayyip Erdogan.

Le Conseil administratif "maintient son autorisation pour que cette exposition se déroule en l'état" jusqu'à dimanche, a-t-il annoncé mardi. "Cette exposition de photographies participe à la défense de la liberté d'expression et à la mise en valeur de Genève en tant que capitale des droits humains", écrit-il.

"Place des nations, Place des peuples", sur la Place des Nations, compte 58 images du photographe genevois d'origine kurde et arménienne Demir Sönmez. L'une montre une banderole rendant M. Erdogan, alors Premier ministre, responsable de la mort d'un adolescent lors d'une protestation à Istanbul. "Je m'appelle Berkin Elvan, la police m'a tué sur l’ordre du Premier ministre turc", peut-on y lire.

La photographie a été prise en mars 2014, sur ce "lieu symbolique au coeur de la Genève internationale" où des "manifestations se déroulent très régulièrement et en toute légalité", précise la Ville de Genève. Pour l'exécutif municipal, le travail de Demir Sönmez rend hommage aux nombreux groupes de population qui défilent ou se rassemblent pour la défense des droits humains.

Suites pénales possibles

Indépendamment de la décision politique de la Ville de Genève se pose la question de possibles conséquences pénales dans cette affaire, a commenté auprès de l'ats Andreas Donatsch, professeur en droit pénal à l'Université de Zurich. Le droit suisse reconnaît comme une infraction l'outrage à un Etat étranger, a-t-il souligné, renvoyant à l'article 296 du Code pénal.

Un outrage public dirigé contre un chef d'Etat ou un gouvernement étranger peut être sanctionné d'une peine de deux à trois ans de prison ou d'une peine pécuniaire, a rappelé Andreas Donatsch. D'après lui, les organisateurs de cette exposition de photographies pourraient être concernés à cause du cliché controversé.

Didier Burkhalter soutient Genève

"Décrocher une petite photo, c'est renoncer à un droit fondamental, a réagi le conseiller fédéral à la tête des affaires étrangères Didier Burkhalter, en déplacement à Bruxelles et interrogé par la RTS. La Place des Nations à Genève est dédiée "à la liberté d'expression": il faut donner "la priorité" à ce droit.

"Nous respectons la liberté de tout artiste de déterminer lui-même le contenu de son oeuvre, mais le propos de cette photographie, qui met en cause l'ex-Premier ministre turc de façon injuste et farfelue, a fait réagir de nombreuses ONG turques en Suisse", a publié mardi l'ambassade de Turquie à Berne dans un bref communiqué.

 
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