Le CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire) a célébré lundi ses 60 ans d'existence, avec la présence de représentants de 35 pays, membres de l'institution, ou partenaires. Le CERN est aujourd'hui le plus éminent laboratoire de physique des particules au monde. Plus de 10'000 scientifiques de près de 100 nationalités recourent à ses infrastructures.
A l'origine, le CERN a vu le jour grâce à la volonté de 12 pays fondateurs (Belgique, Danemark, France, République fédérale d'Allemagne (RFA), Grèce, Italie, Pays-Bas, Norvège, Suède, Suisse, Grande-Bretagne et Yougoslavie). Au fil des années, l'organisation a attiré de nouveaux pays.
La mission du CERN est d'étudier la physique fondamentale afin de découvrir de quoi l'Univers est constitué et comment il fonctionne. Depuis 1954, la recherche a radicalement changé. A l'époque, la plus petite échelle qu'il était possible d'atteindre dans l'étude de la matière était celle du noyau de l'atome, a rappelé le CERN.
En 60 ans, les physiciens des particules ont approfondi leur connaissance des forces et de la matière aux échelles les plus minuscules et développé une théorie solide fondée sur cette connaissance appelée le modèle standard, qui décrit les particules qui composent la matière et leurs interactions.
Les physiciens travaillant au CERN ont contribué grandement à ces progrès, à l'aide d'accélérateurs de particules de plus en plus grands et de plus en plus puissants, qui ont permis aux chercheurs de réaliser des collisions de particules à des énergies de plus en plus élevées, remontant presque au Big Bang.
L'infrastructure du CERN devrait notamment permettre aux physiciens d'en savoir plus sur la matière sombre et l'énergie sombre, a déclaré le professeur de l'Université de Berne Hans Peter Beck, qui a notamment collaboré à l'expérience ATLAS menée au coeur de l'accélérateur de particules LHC (grand collisionneur de hadrons).
Selon les mesures des satellites Planck, l'Univers est composé de 5% de matière visible (soit tout ce qui est composé d'atomes), de 68% d'énergie sombre et de 27% de matière sombre. L'actuel modèle standard de la physique des particules ne donne donc une explication que sur les 5% visibles de l'Univers.
Recherche parallèle
"J'espère que des particules lourdes de matière sombre seront découvertes aussi bien au LHC qu'à bord de la station spatiale internationale (ISS), grâce à l'expérience AMS, a indiqué le physicien Maurice Bourquin, ancien président du conseil du CERN et ex-recteur de l'Université de Genève.
"Ce serait formidable si le redémarrage du LHC, en 2015, conduisait à la découverte des particules appelées supersymétriques, qui auraient un rapport avec la matière sombre", s'est pour sa part enthousiasmé Günther Dissertori, professeur de physique des particules à l'EPFZ.
Aux yeux des scientifiques, la matière sombre et l'énergie sombre doivent exister. Sans elles, des observations comme la rapide expansion de l'Univers et la dynamique des galaxies ne pourraient tout simplement pas être expliquées. La nature de ces deux éléments demeure aujourd'hui inconnue.
La supersymétrie est une théorie qui veut que chaque particule du modèle standard possède un partenaire supersymétrique. Jusqu'à présent, aucune de ces particules n'a pu être observée. Beaucoup de physiciens croient le LHC capable d'une telle prouesse, alors que d'autres doutent de l'existence même de ces particules "jumelles".