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Drame de Sierre: le Conseil de la presse tape sur les doigts de trois journaux

Pour avoir publié certaines photos des enfants victimes de l'accident de car de Sierre, le "Blick", la "Schweizer Illustrierte" et "L'Illustré" se font taper sur les doigts par le Conseil de la presse.

27 déc. 2012, 11:44
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Le "Blick", la "Schweizer Illustrierte" et "L'illustré" se font taper sur les doigts par le Conseil de la presse pour avoir publié certaines photos des enfants victimes de l'accident de car de Sierre (VS). Aucune autorisation explicite de la part des familles n'avait été obtenue.

Les journalistes sont en droit de montrer des photos de victimes d'un accident de la route, pour autant que les proches autorisent explicitement leur publication, explique l'instance déontologique dans sa prise de position publiée jeudi.

Cependant, cet accord ne peut être présumé. Même si des photographies de victimes sont accessibles au public dans une chapelle ardente et lors de cérémonies funèbres, les rédactions ne peuvent dans leur reportage mettre en évidence par l'image certaines victimes sans un accord explicite des proches.

En outre, les médias ne peuvent diffuser sans conditions des images reprises sur un blog, et ceci même si le blog est accessible au public sans droit d'accès. On ne peut en effet en déduire que les images sont accessibles et reproductibles pour un compte rendu médiatique, souligne le Conseil de la presse.

De sa propre initiative

En conclusion, la sphère privée des personnes impliquées - pour autant qu'il ne s'agisse pas de personnalités connues et que le compte rendu se trouve en rapport avec leur activité publique - doit être respectée, même lors d'accidents spectaculaires, de crimes et de catastrophes.

En mars 2012, 28 personnes de nationalité belge (essentiellement des enfants) avaient péri dans un accident d'autocar survenu dans un tunnel autoroutier à Sierre. Des médias suisses, belges et européens ont publié des photos de victimes de l'accident, ce qui a suscité des protestations en Belgique aussi bien qu'en Suisse.

L'homologue flamand du Conseil de la presse, le "Raad voor de journalistiek" s'est également penché sur cette affaire et est parvenu à des conclusions semblables. Suite à une intervention de son ombudsman, les journaux belges incriminés ont consenti à publier des excuses.

"Blick" ne répond pas

Le Conseil suisse de la presse s'est saisi du cas de sa propre initiative, précise-t-il. Il a invité les trois rédactions concernées à lui présenter leurs arguments.

"L'illustré" a fait valoir que certaines familles lui ont spontanément mis des photos à disposition et que le chef du protocole de la chapelle ardente à Lommel (B) a autorisé la presse à reproduire les photos d'enfants exposées. On pouvait dès lors "légitimement supposer" que les parents étaient d'accord.

La "Schweizer Illustrierte" a elle relevé que les portraits des enfants ont été apposés bien en vue sur les cercueils pour les funérailles en Belgique, à l'évidence avec l'accord de la parenté. Elle invoquait également son souci de publier "des images joyeuses et non par d'horribles photos d'accident".

Quant au "Blick", il ne s'est pas donné la peine de prendre position, étant donné que le président du Conseil de la presse Dominique von Burg avait critiqué en mars déjà la publication de ces photos. Celui-ci s'est d'ailleurs ensuite récusé.

"Du temps, de l'énergie et de l'argent"

Pour "Blick", cela n'a pas de sens d'investir "du temps, de l'énergie et de l'argent dans une argumentation". "Nous avions l'autorisation des proches des enfants dont nous avons raconté le destin. Personne ne s'est plaint auprès de nous", conclut le quotidien alémanique.

Le "Blick" et Blick Online avaient déjà subi des remontrances de la part de l'organe d'autocontrôle des médias début décembre dans l'affaire de l'ancien skieur Paul Accola, qui avait tué un enfant au volant de son tracteur. Le journal de boulevard avait notamment publié une photo de l'enfant provenant du site Internet d'un sponsor d'une manifestation sportive, de même qu'une photo de la famille en deuil prise lors des funérailles.

Dans l'affaire du car belge, le Conseil de la presse note néanmoins que les trois rédactions incriminées n'ont pas consacré un traitement "par trop sensationnel" aux victimes.

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