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Djihadisme: la Suisse romande davantage concernée

La Suisse n’est pas exempte de radicalisation islamiste. Selon la procureure fédérale Juliette Noto, la Suisse romande est davantage concernée par cette problématique. La scène romande est mieux connectée avec l’étranger et plus homogène.

04 nov. 2020, 08:00
Les enquêtes ont montré que certains Suisses avaient assumé des fonctions dirigeantes au sein de l'EI.

Le terreau pour la radicalisation islamiste existe en Suisse, estime la procureure fédérale Juliette Noto dans une interview publiée mercredi par la Neue Zürcher Zeitung. Selon elle, la Suisse romande est plus concernée par le djihadisme que la Suisse alémanique.

 

 

La scène islamiste est toutefois hétérogène et peu organisée, constate la magistrate au regard des procédures pénales. Il existe une multiplicité d’acteurs avec des visions et des objectifs très différents, précise la procureure en charge de plusieurs dossiers liés au djihadisme. En outre, «il faut faire la distinction entre les représentants de l’Islam politique et ceux qui sont prêts à recourir à la violence».

Connexion avec l’étranger

Selon Mme Noto, la différence entre Suisse romande et alémanique concerne la dangerosité des personnes impliquées et leurs liens avec l’étranger. «La scène romande est mieux connectée avec l’étranger et plus homogène. Il existe un lien étroit avec des réseaux en France et en Belgique», explique-t-elle.

Ces liens se sont développés historiquement. Il s’agit de personnes qui sont actives depuis les années 1990 et qui ont eu une influence décisive sur la génération plus jeune de djihadistes.

Ces raisons, ajoutées à la dangerosité des acteurs, expliquent que pratiquement tous les voyageurs du djihad qui ont cherché à rejoindre les territoires du groupe Etat islamique (EI) viennent de Suisse romande et que les réseaux qui y sont basés continuent à soigner ces liens.

Un foyer à Winterthour

La scène alémanique, elle, est plus tournée vers l’Allemagne et plus hétérogène, ce qui peut s’expliquer par le fait que la scène islamiste est assez jeune outre-Rhin. Il n’y a pas de liens solides avec les réseaux établis en Allemagne, relève Mme Noto.

La procureure fédérale a expliqué l’accumulation des «voyages du djihad» depuis Winterthour (ZH) par un foyer autour de la mosquée An-Nour et de fortes personnalités locales, à l’instar d’un homme condamné l’été dernier par le Tribunal pénal fédéral. Grâce à son premier voyage en Syrie, il a gagné l’estime des islamistes et a encouragé d’autres personnes à prendre la route du djihad.

 

 

Les enquêtes ont montré que certains Suisses avaient assumé des fonctions dirigeantes au sein de l’EI. Il s’agit de «très gros poissons», qui sont actuellement en détention au Kurdistan syrien, a-t-elle relevé.

Juliette Noto relève toutefois que la Suisse n’a pas de scène islamiste comme celle qui s’est développée durant des années en France. La Confédération n’a pas non plus de passé colonial et ne doit pas faire face au ressentiment qui lui est lié, souligne-t-elle.

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