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Coronavirus: un atelier pour apprendre à parler avec un masque

La comédienne Melanie Bauer propose un atelier pour apprendre à parler avec un masque. Elle propose des exercices, de la théorie, des jeux et de l’improvisation théâtrale.

26 nov. 2020, 11:21
Masqués depuis peu, les Helvètes ont de la peine à se comprendre. (illustration)

Masqués depuis peu, les Helvètes ont de la peine à se comprendre. Le «Qu’est-ce que t’as dit ? tu peux répéter» est désormais devenu banal quand deux personnes essaient de se parler à travers un plexiglas. Pour dompter ce nouvel obstacle, la comédienne Melanie Bauer propose un atelier pour apprendre à se faire comprendre, mais aussi à mieux s’écouter.

La comédienne Melanie Bauer a reçu carte blanche du Petit Théâtre à Lausanne pour former les ouvreurs, les personnes à l’accueil et au bar, a-t-elle dit à Keystone-ATS. Car Sophie Gardaz, sa directrice, a décelé une grande incompréhension entre le public et le personnel du théâtre, en raison du port du masque.

Le bagage de comédienne de Melanie Bauer lui donne des outils pour dépasser cette gêne. «J’explore pendant les quatre heures de l’atelier toutes les possibilités pour faire oublier ce bout de papier bleu. Et j’ai deux ou trois trucs: ce n’est pas qu’abstrait», sourit la jeune femme, qui foule les planches des scènes romandes depuis qu’elle a quitté l’école de théâtre la Manufacture à Lausanne.

 

 

Elle propose des exercices, de la théorie, des jeux et de l’improvisation théâtrale. Melanie Bauer n’a pas conçu cet atelier comme un cours pour des professionnels de la scène. «J’utilise les outils du théâtre pour parler de la communication et du masque, mais je ne donne pas un cours de théâtre», poursuit-elle.

Parler fort, pas la solution

En début de saison – les théâtres sont fermés depuis le mois de novembre dans le canton de Vaud -, le public adulte était entièrement masqué et le personnel d’accueil également. «On s’est retrouvé dans des situations où les gens ne se comprenaient pas, ne s’entendaient pas. Ce qui a débouché sur de vrais malentendus: je n’avais pas du tout anticipé ces difficultés», explique Sophie Gardaz.

«Je pensais qu’il fallait parler un peu plus fort et que le problème serait réglé. En fait pas du tout. Je me suis rendu compte que le fait de ne pas voir la bouche est un vrai problème.» La comédienne de formation remarque que dans la vie courante, les gens ont de moins en moins l’habitude de pousser la voix, surtout parmi les jeunes, peu incités à parler fort et distinctement.

«Il y avait pour moi un vrai souci de lien, de compréhension, à la fois pour dire les choses importantes, mais aussi informelles.» La Vaudoise estime que l’on se retrouve dans un contexte d’incommunicabilité qu’elle trouve problématique.

Les comédiens à la rescousse

Or les comédiens ont développé des outils pour répondre à cette difficulté. Il y a à la fois l’aspect purement technique: articuler, sortir la voix, mettre plus de souffle, parler plus fort tout simplement, mais il y a aussi la manière d’utiliser son corps.

«Sous nos latitudes dans une situation normale, on n’exprime quasiment rien avec le corps et vraiment tout avec la voix», souligne Sophie Gardaz. Là aussi, les comédiens ont acquis un savoir-faire qui peut être extrêmement utile: «c’est peut-être l’occasion de le partager.»

Cet atelier est aussi intéressant pour les comédiens qui traversent une période de précarité sans précédent récent. «Les acteurs sont relégués dans le domaine du non-essentiel. C’est terrible d’entendre cela quand on pratique des métiers qui ont à voir avec l’art, car on a justement l’impression d’être au cœur de ce qui est essentiel», s’enflamme Sopie Gardaz.

«Nous sommes tous maintenant à l’arrêt et dans ces moments-là, savoir que les comédiens peuvent apporter et transmettre un peu de leur métier à la population, même si c’est quelque chose de très technique, je trouve cela précieux».

Melanie Bauer entend par la suite proposer cet atelier à d’autres professions. La comédienne avait encore récemment au programme de jouer du Bouvelard, du Camus et du Shakespeare. La pandémie en aura donc décidé autrement, pour plusieurs mois encore.

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