A Lausanne, deux manifestations se sont même succédées samedi. Les premiers à réagir furent les associations musulmanes vaudoises qui ont condamné "avec la plus grande fermeté" les attentats à Paris, qu'elles qualifient d'"attaques lâches et aveugles" et de "crime abject contre notre humanité". A leur appel, environ 200 personnes se sont réunies.
"Il ne faut pas faire d'amalgame. Nous disons non à la violence, non au terrorisme. Oui à la paix, oui au vivre ensemble. Il n'y a pas de lien entre ce qui s'est passé à Paris et notre religion", a déclaré Pascal Gemperli, président de l'Union des associations musulmanes vaudoises.
Message clair des musulmans
Il était important de réagir rapidement pour donner un message clair, a expliqué M. Gemperli. "Car nous sommes doublement victimes: victimes en tant que citoyens, car parmi les morts il y a certainement des musulmans. Et victimes pour tout ce qui s'ensuit, la stigmatisation et les amalgames", a-t-il ajouté.
Un peu plus tard à la Place de l'Europe, plus de 500 personnes, selon les organisateurs, ont répondu à l'appel d'un mouvement dénommé "Lausanne SolidaritéS''. Les participants ont reconstitué une Tour Eiffel au moyen de bougies et formé le mot "solidarité" ainsi que le nom des villes de Paris, Beyrouth et Ankara.
Les organisateurs ont en effet décidé d'associer aux attentats de vendredi dans la capitale française ceux qui ont fait 44 morts et 239 blessés jeudi à Beyrouth et 102 morts et plus de 500 blessés le 10 octobre à Ankara.
Jet d'eau bleu-blanc-rouge
A Genève, ce sont près de 150 personnes qui se sont rassemblées en fin de journée devant le Consulat général de France pour rendre hommage aux victimes des attentats de Paris. Un pesant sentiment de tristesse se dégageait de ce rassemblement. Beaucoup ont exprimé leur stupéfaction et leur indignation face à cette tragédie.
Odile Soupison, la consule générale, a remercié les personnes présentes pour cette mobilisation en mémoire des victimes de "ces attentats barbares. C'est un moment dur pour l'ensemble des démocraties", selon elle. Après une minute de silence là aussi, la foule a chanté La Marseillaise.
Dans la ville peut-être la plus française de Suisse, le jet d'eau devait être illuminé en tricolore dimanche soir. Un autre rassemblement est également prévu lundi soir.
En silence à Fribourg
A Fribourg, c'est un groupe de personnes qui a organisé une marche blanche dimanche en fin d'après-midi. Près de 150 personnes ont tenu à exprimer leur compassion à la douleur des victimes, leurs familles et amis, des forces de l’ordre et de secours.
Elles ont défilé "dans un silence total", précise la police cantonale, durant environ trois quarts d'heure de la gare à la Place Georges-Python. Aucun discours n'a été tenu, ni incident déploré, précise la police dimanche dans un communiqué.
Zurich, Berne et Bâle aussi
En Suisse alémanique également, des centaines de personnes sont descendues dans la rue. Dimanche à Zurich, plusieurs centaines de manifestants ont déposé devant l'opéra de la ville des fleurs, des messages et des bougies lors d'une cérémonie du souvenir.
A Bâle, une autre ville frontière qui entretient d'étroits rapports avec la France, quelque 200 personnes y ont manifesté samedi à l'appel des Eglises.
A Berne, c'est spontanément que des dizaines d'habitants sont descendus sur la Place fédérale samedi soir, où des milliers d'autres assistaient au traditionnel spectacle son et lumière.
Lors de son point de presse dimanche à l'issue du 2e tour au Conseil des Etats, le maire de la ville fédérale Alexandre Tschäppät a appelé la population bernoise à s'associer à la minute de silence qui sera observée lundi midi en France. Les bus et trams feront une courte halte à cette occasion.
Drapeaux en berne
Dans la capitale fédérale, l'ambassade de France a reçu de nombreux hommages, à l'image du consulat de France à Genève. Des bougies y ont été allumées, des messages de condoléances et des gerbes de fleurs déposées.
Tous les drapeaux sur le Palais fédéral ont été mis en berne jusqu'à lundi, a indiqué le DFAE. Dans plusieurs cantons comme dans celui du Jura, les drapeaux officiels sont aussi en berne.