Le président de la fondation Sanitas Assurance Maladie Felix Gutzwiller met en garde dans un entretien diffusé mardi par la NZZ contre les conséquences sociales de la numérisation en Suisse. Selon lui, la solidarité doit prendre de nouvelles formes.
«Aujourd’hui, je ne sais pas si mon voisin est en bonne santé, alors que je contribue à l’assurance-maladie avec lui», explique l’ancien conseiller d’Etats libéral-radical zurichois. Mais au fur et à mesure que la numérisation va progresser «le voile» va se lever et se posera la question de savoir, «si en tant que personne en bonne santé, je suis prêt à payer pour quelqu’un qui ne vit pas comme la norme», poursuit le médecin.
Il existe déjà des approches telles que le financement participatif comme «nouvelles formes de solidarité», ajoute M. Gutzwiller. Mais son potentiel est limité, remarque-t-il. L’émotion soulevée par des enfants gravement malades peut encore permettre de recueillir beaucoup d’argent. «Mais, lorsque le centième cas va se produire, il sera beaucoup plus difficile d’obtenir les fonds nécessaires pour le traitement», selon lui.
La numérisation laisse derrière elle des gagnants et des perdants, note encore le médecin. «Il faut des orientations politiques pour éviter des dissensions dans la société». La liberté, la responsabilité et la solidarité doivent de toute façon être redéfinies dans une société numérisée, avertit-il.