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Affaire d’abus sexuels: Mgr Charles Morerod n’était pas au courant de la gravité des faits

L’évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg a été disculpé par une enquête interne dans l’affaire des abus sexuels reprochés à l’abbé Paul Frochaux. Charles Morerod ne pouvait pas se douter de la gravité des faits.

15 juil. 2020, 12:13
Mgr Charles Morerod s'est exprimé ce mercredi en conférence de presse à Fribourg.

Charles Morerod n’était pas au courant de la gravité des abus sexuels reprochés à l’abbé Paul Frochaux. Une enquête interne disculpe l’évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg.

Le diocèse a rendu public mercredi les résultats de deux enquêtes lancées début 2020 suite aux accusations visant Paul Frochaux. L’ancien curé de la cathédrale de Fribourg est soupçonné d’avoir abusé d’un jeune homme de 17 ans à Torgon (VS) en 1998, alors qu’il était en poste à Morges, puis d’avoir harcelé sexuellement un confrère à la cure de Vevey durant les années 2008-2011.

 

 

La première enquête, interne, ne porte pas sur les faits de 1998, mais uniquement sur leur communication. Il en est ressorti que les collaborateurs de l’évêché qui connaissaient l’affaire n’avaient pas conscience de la gravité des faits reprochés.

A l’époque, ces faits ont été rapportés comme «un paternalisme un peu trop appuyé» et sans précisions sur l’âge de la victime, a expliqué mercredi le responsable de l’enquête, Cédric Chanez, devant la presse à Fribourg. Mgr Morerod a lui-même été mis au courant à trois reprises de l’affaire, mais «sans indication sur l’éventuelle gravité des faits», a affirmé M. Chanez.

Evénements isolés

De son côté, Mgr Morerod a répété que l’affaire lui avait été présentée de manière «fortement atténuée.» Il a toutefois reconnu que ces faits «apparaissaient sous une autre lumière après coup.» Et d’assurer que son diocèse était beaucoup plus attentif aujourd’hui en étudiant «systématiquement» tous les dossiers.

Ces faits apparaissent sous une autre lumière après coup.
Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg

La deuxième enquête, confiée à un expert externe, l’avocat genevois Maurice Harari, est arrivée à la conclusion que «les événements de 1998 sont restés isolés». Outre l’affaire de Torgon, aucune trace d’abus supplémentaire n’a été constatée de la part de l’abbé Frochaux.

Pas de climat «homo-érotique»

Cette enquête s’est aussi penchée sur les accusations de harcèlement sexuel d’un confrère de l’abbé Frochaux à Vevey entre 2008 et 2011. Selon Me Harari, et contrairement aux dires de l’accusateur, il ne régnait pas d’ambiance «homo-érotique» dans la cure vaudoise.

Cela ne signifie pas que l’abbé accusateur, qui officie aujourd’hui à Peseux (NE), ait menti, a précisé l’avocate Ludivine Delaloye, qui représentait mercredi Me Harari. Elle a souligné «la dimension subjective inhérente à la perception de tout harcèlement.»

A noter qu’une troisième enquête est encore en cours auprès de la justice pénale vaudoise au sujet de l’affaire de Torgon.

Nomination annulée

Suspendu en février dernier, l’abbé Frochaux a donné sa démission en mai. Son successeur à la tête de la cathédrale de Fribourg avait été choisi. Mais le diocèse a annulé en catastrophe sa nomination suite à une enquête de l’Illustré, qui a dévoilé mercredi la double vie de l’ecclésiastique, actif notamment sur des sites de rencontres homosexuelles.

J’aimerais bien faire autre chose que de traiter ce genre de problèmes.
Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg

«J’aimerais bien faire autre chose que de traiter ce genre de problèmes», a admis Mgr Morerod, interrogé sur l’accumulation des affaires dans son diocèse. A la question de savoir s’il avait songé démissionner, il n’a pas répondu directement, se contentant de dire qu’il était content d’éviter cette charge à une autre personne.

Mgr Morerod a insisté sur la nécessité de distinguer les affaires de pédophilie ou d’abus sexuels, pour lesquels il mène une politique de tolérance zéro, et la question du célibat des prêtres. Concernant cette deuxième problématique, il ne s’agit pas de faire «le procès des orientations sexuelles» mais d’interroger «la fidélité des prêtres à leur engagement» avec l’Eglise.

Pas d’Etat policier

L’évêque a estimé que des affaires continueraient de sortir, tout en reconnaissant se sentir un peu désarmé. «Comment régler ça ? Je ne veux pas instaurer un Etat policier, mais que l’on mette les problèmes sur la table. Ce n’est pas agréable mais nécessaire», a-t-il déclaré.

Contrairement à ce qui est régulièrement affirmé dans les médias, Mgr Morerod a aussi indiqué qu’il n’avait «pas l’impression» qu’il existait un «lobby gay» au sein de l’Eglise catholique. «Ce n’est pas quelque chose que j’ai vu», a-t-il dit, ajoutant toutefois qu’il était peut-être «naïf» sur ce point.

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