Dix nouveaux joueurs, deux étrangers appelés à casser la baraque, des éléments expérimentés, Viège ne s’est pas renforcé. Il a changé de visage; il s’est même métamorphosé après l’échec de sa dernière campagne. Remarquez qu’il n’est pas le seul à s’être montré très entreprenant sur le marché des transferts. De toute évidence, la quatorzième et dernière place disponible en NL a incité quelques dirigeants à maximiser leurs chances d’atteindre leur objectif. «Viège, c’est le vainqueur du mercato», résume Rémy Rimann en consultant la liste des renforts.

Un recrutement XXL

«Viège a réalisé un recrutement XXL, en qualité et en quantité», acquiesce Dany Gelinas. «Regardons les choses en face! Il a fait ce qu’il fallait pour atteindre son objectif.» «Il a dépensé beaucoup d’argent, mais ça ne dit pas tout», prévient Goran Bezina, du haut de ses 41 ans, dont 23 à patiner au plus haut niveau. «La promotion se jouera entre Kloten et lui. Disons que l’hiver passé, Kloten m’avait plus impressionné.»

Sur le papier, les deux contingents ont exactement le même poids.

Dany Gelinas, entraîneur du HC Sierre

Eric Castonguay refuse de perdre de l’énergie à commenter les transferts du rival cantonal. «A quoi bon, ce sont des choses que l’on ne contrôle pas», rétorque-t-il. «Ce serait une erreur de nous focaliser sur ces joueurs.»

Des rôles précis avant d’être des noms

Sur le papier, il y a donc un petit monde d’écart entre l’effectif du HC Sierre, réduit à trouver des solutions pour compenser des moyens bien plus modestes, et celui du HC Viège, qui ne s’est pas refusé grand-chose. «Vous savez, j’ai essayé de peser les contingents des deux équipes», esquisse, un sourire en coin, Dany Gelinas. «Eh bien, les deux papiers ont exactement le même poids…»

Au-delà de la «vanne», il y a une évidence que ni les uns, ni les autres ne tentent d’esquiver. Viège est mieux armé pour jouer les tout premiers rôles et cette promotion qui constitue, même s’il ne le dit pas franchement, son seul objectif. «Notre volonté n’était pas d’enrôler des noms», assure Sébastien Pico, directeur général du HC Viège. «Il fallait que ces renforts acceptent d’endosser des rôles bien précis et de se mettre au service du groupe. Stefan Mäder (ndlr: engagé la semaine passée), par exemple, a pour mission de diriger le quatrième bloc, essentiel si l’on veut atteindre nos objectifs. L’état d’esprit dans le vestiaire, la cohésion du collectif sont bien plus importants que le CV des joueurs.»

Le budget, 6 millions, reste identique

Il n’en reste pas moins que Viège s’est rué sur de bonnes affaires, des joueurs susceptibles d’emmener l’équipe haut-valaisanne très loin. «De l’extérieur, on peut penser qu’on est allé chercher tout ce qui se trouvait sur le marché. Mais ce n’était pas du tout l’objectif de notre démarche. Le but, c’est d’avoir des joueurs complémentaires. Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un groupe aussi soudé et un tel état d’esprit.»

En raison de la pandémie, des joueurs de l’élite sont devenus abordables à notre niveau.

Sébastien Pico, CEO du HC Viège

Le CEO de la Lonza Arena refuse les raccourcis. Ce n’est pas parce qu’il s’est montré très agressif sur le marché des transferts qu’il a cassé sa tirelire. «Le budget s’élève toujours à 6 millions, il n’a pas évolué», assène-t-il. «Il comprend 1 million pour la gastronomie, un poste qui n’est pas aussi important dans d’autres clubs. Le budget ne dit donc pas tout; il n’est pas dévolu au seul secteur sportif. En NL, des clubs ont dû resserrer leur masse salariale. Du coup, des joueurs sont devenus abordables à notre niveau. La Swiss League n’a pas le même problème de salaires élevés qu’au sein de l’élite.»

Trois clubs s’amusent entre eux

Viège est fort, c’est un fait. Mais ne comptez pas sur Sierre, trop habitué à bousculer les favoris depuis son retour en Swiss League, pour afficher un quelconque complexe! «Nous avons les moyens de les regarder dans les yeux», assure Goran Bezina. «Viège a accueilli dix nouveaux joueurs, ça prend un peu de temps pour trouver ses marques. Il y a un coup à jouer en début de saison. Sierre aussi a mûri.»

Eric Castonguay rappelle que «Viège avait déjà affiché ses ambitions la saison passée. On a vu ce qu’il est advenu.» «En Swiss League, trois clubs s’amusent et se sont renforcés jusqu’à ces tout derniers jours», constate Dany Gelinas. «Je les laisse jouer entre eux. Un derby, ça reste un match spécial.»

Deux favoris et un arbitre

Alors, Viège est-il vraiment le vainqueur du mercato? «C’est à la fin de la saison que nous aurons la réponse à cette question», coupe Sébastien Pico. «Il y a deux favoris pour la promotion, Viège et Kloten», susurre Dany Gelinas. «Entre eux, l’arbitre a pour nom Olten, qui ne manquera pas de profiter du faux pas de l’un ou de l’autre.»

Donnons-nous rendez-vous, non pas dans dix ans, mais dans sept mois.

L’égalité parfaite depuis deux ans

Après tout, c’est la troisième saison que Viège, sur le papier, est bien supérieur à Sierre. Or, les confrontations directes sont bien plus ouvertes sur la glace. Lors de la saison 2019-2020, les deux équipes ont remporté, chacune, deux matchs. L’hiver dernier, l’équilibre a encore été respecté: trois succès pour Sierre, trois pour Viège. «Voilà trois ans que Sierre est le petit dans la cour des grands», se marre Dany Gelinas. «Mais nous avons un grand cœur. Ce groupe aime qu’on le prenne pour l’outsider; il peut ainsi démontrer qu’il est plus grand que ce qu’en dit la croyance populaire. Il n’en reste pas moins que Viège, ça reste un sacré défi.»

Hockey: pourquoi Viège fait-il si peur sur le papier

Le club haut-valaisan, adversaire du HC Sierre à Graben, mardi, a réalisé de gros transferts. Il est l’un des favoris en Swiss League, même si son adversaire ne veut pas en faire une montagne.