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Football: le Valais séduit de grands clubs européens durant leur préparation d'été

Chaque année, de nombreux clubs européens viennent préparer leur saison en Valais. Décryptage du phénomène en compagnie des organisateurs Marc Biolley et Walter Loser.

29 juil. 2018, 19:00
Marc Biolley et Walter Loser tentent chaque année d'attirer des grands clubs européens en Valais.

Eté après été, certains grands noms du football européen choisissent d’élire domicile dans la vallée du Rhône. Entre Crans-Montana, Verbier et Saillon, l’association Valais football summer cups possèdent trois sites capables de répondre aux exigences grandissantes d’équipes venues se préparer pour disputer notamment la Ligue des champions.

Comment ce business s’est-il développé? Comment les organisateurs font-ils pour attirer l’Olympique lyonnais ou le FC Valence? Quelles sont les retombées pour le canton? Marc Biolley et Walter Loser, organisateurs, décortiquent les dessous de ce business.

1. De la qualité plutôt que du volume

Dans le courant du mois de juillet, le PSV Eindhoven – à Verbier –, l’Olympique lyonnais – à Saillon – et le FC Valence – à Crans-Montana – ont choisi le Valais pour préparer leur saison. «Nous avons fait le choix de ne pas miser sur le volume mais plutôt sur la qualité des clubs», explique Marc Biolley.

Une décision dictée en partie par des critères financiers. «Il est difficile de régater avec l’Autriche qui possède la même qualité de service mais à des prix divisés par deux», argumente le directeur de MatchWorld. Ainsi, le Festival des Alpes s’étend désormais au-delà des frontières cantonales puisque Galatasaray, Fenerbahçe, Wolverhampton et Fulham ont séjourné entre le canton de Vaud et Evian.

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«Les équipes qui choisissent le Festival des Alpes pour se préparer veulent la garantie de jouer des matchs amicaux de qualité, il faut donc allier les forces pour leur proposer une réelle plus-value au niveau sportif.»

2. Les exigences prennent l’ascenseur

Machine sportive inarrêtable depuis des décennies, le football a également dopé ses exigences en coulisses. Pour attirer des équipes professionnelles de renommée, les organisateurs se doivent d’offrir un camp clés en main.

«Les critères d’exigence ne cessent d’augmenter et c’est loin d’être terminé», confirme Marc Biolley, directeur de MatchWorld. Si la qualité de l’hôtellerie, la quiétude des lieux et le panorama sont des éléments très influents, le rectangle vert est au fil des ans un pilier pour séduire les clubs. «Valence est venu avec son responsable des pelouses plusieurs semaines à l’avance pour évaluer la qualité de l’herbe», explique Walter Loser, directeur de Crans-Montana football camps. «Ils ont même ramené un échantillon pour l’analyser en Espagne.»

Les trois sites d’accueil valaisans – à savoir Crans-Montana, Verbier et Saillon – se doivent donc d’offrir un camp «premium» à tous les niveaux. «Quand vous accueillez des équipes de Ligue des champions, vous jouez dans la cour des grands et il n’y a pas de place pour les imprévus», souligne Marc Biolley.

 

 

3. Un camp tous frais payés

Pour parvenir à attirer Valence, Eindhoven ou Lyon sur les pelouses valaisannes, l’agence MatchWorld offre littéralement leur séjour à ces clubs. Hôtels, repas, infrastructures; tout est pris en charge par les organisateurs, avec le soutien des sites qui accueillent les équipes. «Nous investissons plusieurs centaines de milliers de francs pour chaque camp», confirme Marc Biolley. «Et en plus de cela, les frais de production pour la retransmission télévisée sont à notre charge», complète Walter Loser.

Des retransmissions dont les clubs conservent en principe les droits – et la manne financière qui s’y rattache – dans leur pays. «En gros nous ne touchons les droits TV que sur les retransmissions dans les autres pays, ce qui représente un volume important, mais peu d’entrées», confesse le directeur de MatchWorld.

Mais dès lors, quel est l’intérêt d’organiser pareils camps? «Quand nous négocions un camp, nous négocions également d’autres rencontres amicales. Par exemple, Valence ira jouer à Eindhoven prochainement et une partie des recettes de ce match nous reviendra.» Comme cela est le cas pour la totalité des entrées financières lors des matchs disputés durant le Festival des Alpes.

4. Des retombées financières et médiatiques

Sur la totalité du Festival des Alpes, environ deux millions de francs sont investis dans les régions hôtes. «Les frais de logement, de repas et des autres activités sont directement réinjectés dans l’économie locale», précise Walter Loser. «En plus, il n’est pas rare qu’à Montana, les joueurs fassent un peu de shopping dans des boutiques de luxe.» Des revenus indirects sont donc perçus sur chaque site.

«Les clubs de cette envergure sont souvent encadrés par une cohorte de médias qui doivent eux aussi loger et se nourrir sur place», poursuit le directeur de Crans-Montana football camps. Mais les avantages ne sont pas uniquement financiers pour les trois sites valaisans. «Chaque club possède une délégation importante pour sa communication», souligne Marc Biolley. «Chacune des communications du club ou de la presse est autant de visibilité pour la destination et nos sponsors.»

 

 

A titre d’exemples, la page Facebook du FC Valence est suivie par plus de 3_millions d’internautes et depuis l’arrivée de l’équipe espagnole en Valais, plusieurs dizaines de photos et vidéos ont été postées. «La puissance populaire du football n’a tout simplement pas d’égale», conclut Marc Biolley.

5. Projection vers l’été 2019

Alors que le FC Valence use encore ses crampons sur le terrain du Christ-Roi, les organisateurs ont déjà le regard tourné vers l’été prochain. Et celui-ci pourrait bien débuter plus tôt que prévu, avec l’objectif d’attirer plusieurs sélections nationales féminines se préparant pour la Coupe du monde 2019, qui se déroulera en France entre le 7 juin et le 7 juillet.

«Nous avons le savoir-faire et les infrastructures nécessaires pour accueillir plusieurs équipes et organiser un tournoi ou des matchs de préparation juste avant la compétition», explique Walter Loser. «Deux matchs de gala – un féminin et un masculin – sont d’ailleurs en cours de discussion dans le cadre du centenaire de l’Association valaisanne de football.»

Après quoi, l’association Valais football summer cups tentera d’attirer des clubs de Super League, avant d’enchaîner avec une nouvelle édition du Festival des Alpes et son lot d’équipes étrangères de renom. «Après être parvenus à attirer des équipes espagnoles, nous aimerions bien faire de même avec les Italiens l’année prochaine.»

6. Les freins au développement

Un facteur majeur influence cependant la venue ou non des équipes en Valais: le financement. «Nous avons perdu le soutien de la Loterie romande et de l’Etat du Valais depuis deux éditions, ce qui nous a forcés à revoir nos ambitions à la baisse», confie Marc Biolley.

Seules trois équipes ont donc logé en Valais alors qu’en 2013 elles étaient encore treize à être venues se préparer dans le canton. «Le soutien des autorités cantonales est primordial, sans quoi le Festival des Alpes risque de s’essouffler.»

Car si les exigences des clubs sont nombreuses, d’autres freins empiètent sur le développement des camps dans le Vieux-Pays. «L’aspect sécuritaire lors des matchs amicaux est souvent répulsif. Alors que nous n’avons jamais eu aucun souci. Cette année, Galatasaray et Fenerbahçe – qui sont les plus grands clubs de Turquie – ont disputé chacun deux matchs, sans le moindre accroc.»

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