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50 ans de football féminin: les pionnières étaient Valaisannes

Le 8 novembre 1970, l’équipe de Suisse féminine disputait le premier match de son histoire sur sol helvétique. Sept Valaisannes étaient de la partie. Nous les avons retrouvées très exactement cinquante ans plus tard.

08 nov. 2020, 16:30
Sept des quinze évoquées étaient valaisannes. L'entaîneur, Jacques Gaillard, venait aussi du Vieux-Pays.

8 novembre 1970. L’équipe nationale féminine dispute le premier match de son histoire sur sol suisse. «Je me souviens des spectateurs. Pour un match en Suisse, ils étaient nombreux», se rappelle Madeleine Boll. Ce jour-là, 2000 spectateurs s’étaient en effet donné rendez-vous au stade de la Breite à Schaffhouse pour assister à ce moment d’histoire. La Grangearde, alors âgée de 17 ans, n’était pas la seule Valaisanne à écrire les premières lignes de ce chapitre.  Des quinze joueuses sélectionnées, sept provenaient du Vieux-Pays.  

Un entraîneur valaisan 

L’entrée des équipes, devant 2000 spectateurs. Au premier plan, Madeleine Boll. ©Keystone

Nous les avons retrouvées et réunies à Sion un demi-siècle plus tard. Trois de ces pionnières n’ont toutefois pas pu faire le déplacement: Mirella Cina qui réside en Allemagne, Josiane Etter occupée à la date du rendez-vous et Rose-Marie Siggen, en quarantaine. Si l’équipe avait un fort accent valaisan, le banc était lui aussi teinté d’étoiles rouges et blanches. C’est en effet Jacques Gaillard, aujourd’hui décédé, qui dirigeait les Suissesses qui n’avaient fait qu’une bouchée des Autrichiennes. «C’était aussi notre entraîneur au FC Sion. Il était extraordinaire. C’est lui qui nous a transmis la passion du football et du beau jeu», raconte, émue, Rose-Marie Siggen.

L’entraîneur, Jacques Gaillard, était extraordinaire. C’est lui qui nous a transmis la passion du football et du beau jeu. C’était aussi notre entraîneur au FC Sion.
Rose-Marie Siggen, ancienne joueuse valaisanne

L’interview de Madeleine Boll 

 

Un beau jeu qui a permis à la Suisse et à ses Valaisannes de s’imposer 9-0 face aux Autrichiennes. Avec un triplé de Madeleine Boll et un doublé de Josiane Etter. «Le public en a eu pour son argent», pouvait-on lire dans la «Schaffhauser Nachrichten.»

«Je n’avais pas vu beaucoup de ballons», rigole Mirella Cina qui défendait le but suisse. Les Helvètes ne pensaient pourtant pas connaître un tel succès devant la cage adverse. «On avait aperçu la gardienne de l’Autriche la veille. C’était un colosse. Notre attaquante Ripamonti, très petite, n’en avait pas dormi la nuit», se rappelle Yolande Rouiller-Dieing. Toujours la veille, Mirella Cina et la deuxième gardienne s’étaient autorisées une petite sortie en voiture. Une escapade qui n’avait pas été au goût de Jacques Gaillard. «Il nous avait dit que s’il nous était arrivé quelque chose, l’équipe n’avait plus de gardienne.» 

On avait aperçu la gardienne de l’Autriche la veille. C’était un colosse. Notre attaquante Ripamonti, très petite, n’en avait pas dormi la nuit.
Yolande Rouiller-Dieing, ancienne joueuse valaisanne

Quand Mirella Cina s’improvise couturière

Une situation qui n’arriverait plus aujourd’hui, les équipes se réunissant au minimum trois jours avant une rencontre et se rendant ensemble dans leur hôtel. De luxe.  Mais avant, c’était différent. «Chacune d’entre nous avait dû se débrouiller pour se rendre à Schaffhouse par ses propres moyens», rappelle Nelly Juillard. «Et on avait dormi dans une auberge de jeunesse. Une nuit à nos frais également.»

J’avais dû coudre l’écusson suisse sur mon maillot de gardienne.
Mirella Cina, ancienne joueuse valaisanne

Le monde d’avant était à ce point différent que Mirella Cina avait dû s’improviser couturière. «J’avais dû coudre l’écusson suisse sur mon maillot de gardienne», sourit-elle.

Yolande Rouiller-Dieing, Elisabeth Copt, Nelly Juillard et Madeleine se sont retrouvées, cinquante ans après. ©Héloïse Maret

 

 

 

Les femmes n’avaient pas encore le droit de vote

Cette première équipe de Suisse était composée en majorité de Valaisannes alors actives au FC Sion. Hormis Madeleine Boll qui évoluait à Milan, toutes faisaient partie du contingent des Sédunoises. «La naissance de cette équipe de Suisse est venue du Valais et de Zurich où les premières équipes féminines avaient été fondées en 1968-69», rappelle Madeleine Boll. «Mais cela ne veut pas dire que l’on avait notre place assurée. Il fallait la gagner», assure Nelly Juillard. Gagner sa place pour porter ce maillot national. «C’était une fierté de le porter», ajoute Rose-Marie Siggen. Une fierté, aussi, pour elles de jouer au football à une période où – faut-il le rappeler, les femmes n’avaient pas encore le droit de vote en Suisse. «On me disait que le football n’était pas fait pour les filles», raconte Yolande Rouiller-Dieing.

Les garçons avaient toujours besoin de nous pour faire le nombre.
Elisabeth Copt, ancienne joueuse valaisanne

Une remarque qui ne l’a pas empêchée, elles et ses coéquipières, de taper dans un ballon. «On se mélangeait aux garçons», dit-elle.  «Ils avaient toujours besoin de nous pour faire le nombre», sourit la Martigneraine Elisabeth Copt qui n’a jamais lâché le morceau.  «En tant que pionnières, je crois que nous avions toutes un enthousiasme qui nous permettait de ne pas céder aux éventuels propos déplacés», conclut Madeleine Boll.  

A lire aussi : Il y a 50 ans, jour pour jour, naissait la ligue féminine suisse de football


Yolande Rouiller-Dieing, Nelly Juillard et Elisabeth Copt répondent à notre tac au tac en vidéo: 

 


Cet article fait partie de la série 50 ans de foot féminin: des pionnières à aujourd'hui. Retrouvez les autres épisodes de cette série ici

 

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