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Montagne: l'alpiniste bernois Ueli Steck, la "machine suisse", perd la vie sur les flancs de l'Everest

Ueli Steck, l'alpiniste bernois de tous les records, a perdu la vie, dimanche matin, alors qu'il tentait de gravir l'Everest. Le coordinateur de son expédition a confirmé l'information, le DFAE en a fait de même peu après 12h30. Il sera enterré au Népal.

30 avr. 2017, 10:05
/ Màj. le 30 avr. 2017 à 16:57
Ueli Steck aurait fait une chute mortelle sur les flancs de l'Everest.

Le célèbre alpiniste bernois Ueli Steck a perdu la vie dimanche matin dans un accident alors qu'il préparait l'ascension du Mont-Everest, dans le massif népalais de l'Himalaya. Il avait 40 ans.

Ueli Steck a fait une chute vers 10h00 dans une falaise du Mount Nuptse, entre le camp 1 et le camp 2. Ce sont d'autres alpinistes se lançant sur l'Everest qui ont alerté les secours. L'information diffusée par les médias népalais a été confirmée à l'ats par Mingma Sherpa, le co-organisateur de son expédition, "Seven Summits Treks", puis par le service de presse du sportif.

 

"Son corps a été ramené par hélicoptère à Lukla, un village proche du camp de base de l'Everest, et sera transporté à Katmandou", a précisé Ang Tsering Sherpa, le président de la Fédération d'alpinisme du Népal. "Son partenaire souffrait d'engelures et le Suisse avait poursuivi seul", a-t-il expliqué.

Ueli Steck se trouvait dans la région pour s'acclimater en vue de l'ascension prévue en mai. Il voulait emprunter la route peu fréquentée de West Ridge pour enchaîner l'Everest, le toit du monde à 8850 m, puis le Lhotse, le quatrième plus haut sommet à 8516 mètres.

La famille du Bernois a été avertie tôt dimanche matin, a indiqué le porte-parole du sportif, Andreas Bantel, dans un communiqué. Les circonstances exactes de l'accident ne sont pas encore connues, a-t-il ajouté.

 

 

Un plaisir personnel

Le Bernois était arrivé début avril dans l'Himalaya. Dans un récent message écrit sur sa page Facebook, il décrivait son entraînement: "Un jour rapide du camp jusqu'à 7000 mètres et retour: j'aime ça, c'est génial."

Dans une interview au Tages-Anzeiger le 31 mars, il avait confié: "Bien sûr que je veux gravir l'Everest et le Lhotse. Mais c'est viser très haut. Un échec pour moi, c'est si je meurs et ne reviens pas à la maison."

Célèbre pour ses exploits en solitaire et ses records de vitesse, l'alpiniste de l'extrême avait remporté le Piolet d'Or (prix international fondé en 1991) en 2009 et 2014. En 2015, il avait achevé en 62 jours l'ascension des 82 sommets alpins de plus de 4000 mètres. Il s'était fixé pour objectif moins de 80 jours.

 

En 2008, Ueli Steck a aussi réalisé l'ascension des Grandes Jorasses (1200 mètres de paroi), dans le massif du Mont-Blanc, en 2 heures et 21 minutes. Il faut deux jours à une cordée classique pour en venir à bout.

Surnommé la "machine suisse", il avait plusieurs fois frôlé la mort comme lors d'une expédition vers le sommet du Shishapangma (8027 mètres) au Tibet en 2014. Deux des cinq participants - un Allemand et un Italien - avaient perdu la vie dans une avalanche.

 

Le conseiller fédéral Guy Parmelin a déploré dimanche le décès du Bernois, "un grand sportif suisse". "Ueli Steck était l'un des meilleurs, a repoussé les limites tout en restant modeste", a indiqué le chef du Département des sports dans une prise de position aux médias. Le département a adressé ses condoléances à la famille.

Le monde sportif a également exprimé sa tristesse. Evelyne Binsack, alpiniste de l'extrême, a qualifié cette disparition de catastrophe. "Il a sans doute polarisé, mais quand il se lançait dans un projet, il le réalisait jusqu'au bout." Bernhard Russi a aussi salué un homme habitué à vivre aux limites du possible.

 

Performances précoces

Charpentier de formation, Ueli Steck est né le 4 octobre 1976 à Langnau im Emmental (BE) dans une famille très sportive. A 12 ans, il rejoint le Club alpin suisse et développe une fascination pour le "contact avec la nature et les falaises". Tout juste majeur, il pose les jalons de ses futurs records en réalisant l'ascension de la face nord de l'Eiger (3970 mètres).

Très vite, ses performances ne passent pas inaperçues. Avec l'arrivée des premiers sponsors, Ueli Steck, alors trentenaire, décide de vivre à plein temps de la discipline. Il s'entraîne ensuite sans cesse, avec l'aide d'un physiothérapeute, privilégiant l'endurance à la technique.

Ueli Steck se tenait à distance des médias durant ses ascensions pour pouvoir prendre la "décision la plus juste sur une paroi". Il affirmait que la soif d'argent et de gloire n'avait jamais compté, se disant satisfait lorsque ses revenus dépassaient son ancien salaire de charpentier.

En mai 2016, il avait retrouvé avec un autre alpiniste, David Goettler, avec lequel il préparait l'ascension du Shisha Pangma, les corps de l'alpiniste américain Alex Lowe et de son cameraman dans un glacier de l'Himalaya, seize ans après leur disparition dans une avalanche.

Enterré au Népal

Selon les voeux de sa famille, Ueli Steck sera enterré au Népal, où il avait ses amis, a indiqué Andreas Bantel. La famille se rendra en Asie afin d'assister aux obsèques ces prochains jours, selon la tradition bouddhiste. Une cérémonie du souvenir sera organisée ultérieurement en Suisse.

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