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Covid-19: «Le sport est déconsidéré, un laissé-pour-compte…», déplorent les clubs professionnels valaisans

Les clubs professionnels valaisans de hockey, de foot et de basket réagissent au huis clos imposé par le canton jusqu’au 30 novembre. Ils craignent, tous, les conséquences économiques.

21 oct. 2020, 19:05
Le HC Viège devra de nouveau jouer dans une Lonza Arena vide son match de Coupe face à Fribourg-Gottéron, dimanche.

«Le sport est la principale victime d’une gestion hasardeuse de la pandémie.» C’est peu d’écrire que Sébastien Pico, directeur général du HC Viège, est remonté. «Si l’on doit arriver à une telle extrémité, c’est qu’il y a eu des erreurs. Le concept de sécurité, qui nous a coûté très cher, a été validé; il fonctionne très bien. Je rappelle que les stades n’ont pas engendré le moindre foyer. Par rapport à d’autres activités, le public est plus en sécurité dans un stade qu’ailleurs. Je peine à comprendre qu’on ferme ce secteur où les mesures sont les plus strictes sans qu’on ait pris la peine de nous consulter. Le sport est déconsidéré; il est un laissé-pour-compte. Le milieu était révolté par rapport à la décision du canton de Berne. Ici, on va plus loin encore…»

Le Valais est désormais coupé du monde sportif.
Alain Bonnet, président du HC Sierre

Les conséquences financières pour le HC Viège? «Avec le concept Covid-19, le manque à gagner était estimé entre 1 et 1,2 million. Compte tenu des efforts réalisés, le déficit prévisible s’élevait entre 800 000 francs et 1 million. Aujourd’hui, la situation est précaire. C’est une centaine d’emplois avec une forte valeur ajoutée régionale qui est directement menacée. Sportivement, nous avons déjà pris contact avec la ligue afin d’envisager le report du derby, peut-être des deux (ndlr: à Viège le 1er novembre, à Sierre le 10 novembre). J’espère aussi pouvoir inverser nos matchs en novembre et les disputer à l’extérieur. La discussion est en cours.»

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La double peine pour les clubs

Du côté du HC Sierre, le sentiment est identique. «D’un côté, le huis clos nous prive de revenus», déplore Alain Bonnet, le président. «De l’autre, les charges restent identiques sans que l’on bénéficie du moindre soutien, des RHT notamment. C’est la double peine. Le sport paie la facture; elle est lourde. Ça me frustre. Le Valais est désormais coupé du monde sportif. Nous avions déjà pris une claque en fin de saison passée. Là, on ramasse encore un coup derrière la tête.»

Le dirigeant ne cache pas son inquiétude pour l’avenir du HC Sierre, «une société anonyme qui est encore très jeune. Nous risquons très vite d’être en surendettement.» Alain Bonnet fait les comptes. «Nous estimions déjà le manque à gagner entre 300 000 et 400 000 francs. Pour Sierre, ça fait cinq matchs à domicile à huis clos, dont un derby, sans contre-prestations non plus pour nos sponsors. Il y a aussi une iniquité sportive d’un canton à l’autre. Je suis très inquiet.»

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Les frais d’un certain laxisme ailleurs

«Le sport a été soumis à des règles drastiques, qui ont été respectées, ce qui n’a pas été le cas dans certains lieux publics», relève Nicolas Burdet, directeur général du HCV Martigny. «Le sport fait les frais d’un certain laxisme dans d’autres domaines. C’est désolant vis-à-vis de la survie de nos clubs. Au HCV Martigny, nous avons eu des cas positifs que nous avons gérés en respectant le protocole sanitaire afin d’éviter de créer un foyer. J’ai encore plus mal pour nos jeunes qui font les choses correctement et qui sont privés de sport durant un mois et demi. Sur une saison de huit mois, ce n’est pas rien.»

Le club bas-valaisan a neuf matchs au programme, au Forum, d’ici au 30 novembre. «Je redoute la réaction de nos fans et de nos sponsors. Il n’y a pas que la billetterie, il y a encore le catering qui manquera dans les caisses. Leur soutien est plus que jamais nécessaire.»

Les trois coups dans un Reposieux vide

Le BBC Monthey-Chablais entamera sa saison dans un Reposieux vide. Les mesures prises par le Conseil d’Etat combinées à l’annonce du maintien des matchs par Swiss Basketball condamnent les Sangliers à vivre une reprise en mode confidentiel. «Si ce n’était que pour un match, ce ne serait pas un problème insurmontable. Mais là, nous parlons de quatre rencontres à huis clos», commente Laurent Duchoud, président du club. «Vis-à-vis de nos sponsors, il y aura un vrai déficit de visibilité, sans parler du manque de recettes provenant des supporters. Je suis très dubitatif quant à leurs réactions.» 

Faut-il continuer à jouer si nous perdons de l’argent à chaque match?
Fabrice Miserez, président du BBC Troistorrents


Une incrédulité partagée par le BBC Troistorrents, également pensionnaire du Reposieux. «Le week-end dernier, sans cantine, nous sommes tout juste parvenus à payer les frais d’arbitrage. Sur le long terme, cette situation n’est pas viable», s’inquiète le président du club chorgue, Fabrice Miserez. «A un moment donné, il faudra faire une vraie pesée d’intérêts: faut-il continuer à jouer si nous perdons de l’argent à chaque match?»

Et ce d’autant plus que les cas de Covid-19 et les reports de matchs s’enchaînent depuis la reprise. «Tous nos matchs reportés avaient été replacés en novembre, ce huis clos est une très mauvaise nouvelle», regrette quant à lui Michel Huser, président d’Hélios Basket. «La santé prime, cela a toujours été le cas. Mais l’avenir de notre championnat est en suspens.» 

La 1re ligue continue également

Des clubs à la fédération, de nombreuses questions demeurent insolubles actuellement. Cette dernière a décidé de maintenir les matchs des clubs valaisans qui évoluent dans des championnats nationaux. Comprenez par là la SB League, la SB League Women, la NLB Men, la NLB Women ainsi que – et cela peut paraître très étonnant – la NL1 Men et Women. «Nous attendons encore des précisions du canton. Mais, un certain nombre de ces équipes de LNB et de 1re ligue s’appuient sur des joueurs ou des coachs semi-professionnels. Voilà pourquoi nous décidons actuellement de maintenir leurs matchs», explique Erik Lehmann, directeur de la ligue. Une ligue qui devra sans doute revoir son plan de bataille à mesure que les directives cantonales ou fédérales tomberont. 

Le FC Sion en quarantaine

Le FC Sion est à son tour en quarantaine. L'ensemble de l'équipe a été placé en quarantaine par le médecin cantonal à la lecture des résultats des tests effectués mardi.

La reprise de l'entraînement se fera le samedi 31 octobre. Le club demande ainsi à la SFL de reporter les rencontres de ce dimanche face au Servette FC et du 1er novembre à Lucerne.

Sur le site www.lematin.ch, le président du club valaisan évoque également la situation de sa deuxième équipe. «Pour préparer le match de samedi à Carouge en Promotion League, nos M21 doivent aller s’entraîner depuis aujourd’hui dans le canton de Vaud. C’est le bordel. La situation est bien plus grave qu’au printemps. On veut faire du coup par coup dans un secteur où les activités se mélangent au niveau de la Suisse entière. Il manque une décision à l’échelle nationale. Or, personne n’ose la prendre.»  

Programmé au stade de Charnot mercredi soir, le match amical entre les moins de 21 ans du FC Sion et le FC Fully a été annulé. 

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