Un Défago peut en cacher un autre. Après le Morginois Didier, qui a atteint l’élite mondiale en ski alpin, le Val-d’Illien Baptiste en fera-t-il de même en curling? A 19 ans, Baptiste Défago – qui n’est pas de famille avec le champion olympique de descente de Vancouver – gravit gentiment mais sûrement les échelons balai en mains.

Tombé dans la marmite grâce à une pub à l’école

En cette fin de semaine, le jeune Valaisan prend part au Curling Masters avec l’équipe skippée par Kim Schwaller. «C’est ma deuxième participation. La première remonte à deux ans. Comme il manquait une équipe, Champéry en avait présenté une junior. On s’était fait pulvériser. C’était fort sympathique. C’est que la différence de niveau entre les juniors et les élites est stratosphérique.» Baptiste Défago éclate de rire. Le jeune homme ne manque pas d’autodérision.

Il en rajoute une couche quand on lui demande comment il a glissé dans ce sport où l’on jette des pierres le plus proche possible d’une maison. «Ça doit être mon origine. Apparemment, on est un peu radins. A l’époque, le club de curling local faisait de la pub à l’école. Il proposait des entraînements gratuits. Je n’avais pas hésité une seconde.» Nouvel éclat de rire.

©Sacha Bittel

La déception des JOJ

Au fil des années, Baptiste Défago se prend au jeu. Après avoir disputé ses premières compétitions en ligue C juniors – le troisième échelon –, il rejoint l’équipe masculine de Champéry en ligue B. «Puis on a atteint la ligue A. On y a joué durant quatre saisons.»

Durant ces années au plus haut niveau, il tente aussi une qualification pour les Jeux olympiques de la jeunesse de Lausanne 2020. «Je me suis hissé parmi les huit derniers sur les soixante athlètes présents au début. A la fin, ils n’ont retenu que deux filles et deux garçons.»

Ne pas avoir été retenu pour les Jeux olympiques de la jeunesse de 2020 reste une énorme déception.

Baptiste Défago, curleur valaisan

Le Valaisan ne fait pas partie des heureux élus. «Cela reste une énorme déception. Je m’étais énormément investi pour y figurer. J’étais en plein apprentissage et m’entraînais encore deux heures sur la glace et une heure en dehors en fin de journée», regrette l’actuel installateur électricien établi désormais à Troistorrents.

Début 2020, il a failli tout plaquer

Un deuxième coup dur le touche début 2020 quand le coronavirus débarque sur Terre. «On n’avait plus le droit de s’entraîner alors que des clubs suisses alémaniques continuaient leurs entraînements.»

©Sacha Bittel

Baptiste Défago est à deux doigts de tout plaquer lorsqu’un club saint-gallois lui propose de rejoindre ses rangs. Proposition acceptée pour celui qui défend depuis les couleurs de St-Gall/Bienne. «Mais je suis toujours resté dans ma vallée», rigole encore celui qui ne manque décidément pas d’humour. «Je ne vais jamais à Saint-Gall. Je m’entraîne seul à Champéry et on se retrouve une fois par mois à Bienne avec un entraîneur national. Et on a suffisamment de tournois, tous les week-ends ou presque, pour se voir et jouer.»

Qualifié pour les Mondiaux juniors

Cette façon de procéder fonctionne à merveille. Fin septembre, Baptiste Défago et son équipe se sont qualifiés pour représenter la Suisse aux prochains Mondiaux juniors qui se dérouleront en mars 2022 en Suède. Un avant-goût de ce vers quoi il aspire: vivre de son sport. «Ce serait un rêve. Je suis conscient que j’en suis encore très loin.»

Vivre du curling serait un rêve. Je suis conscient que j’en suis encore très loin.

Baptiste Défago, curleur valaisan

Cela ne l’empêche pas de faire des premières démarches qui vont dans ce sens. «On va essayer de passer au recrutement sportif à Macolin. Si on est retenus, cela nous évitera d’aller conduire des tanks par moins 30 degrés. On pourra faire notre recrutement et nos cours de répétition à Macolin à l’école du sport. En résumé, notre service militaire consisterait à nous entraîner au curling», se marre encore celui dont la pensée est toutefois parfaitement sérieuse. Un premier pas qui pourrait l’emmener vers son objectif ultime. Un but qui se décline en deux lettres: JO. «Pour l’instant, on doit être réaliste. Deux équipes nous devancent, et de loin. De toute évidence, c’est un rêve qui pourrait se réaliser dans dix ans seulement. Au mieux.»

Baptiste Défago, le Valaisan qui se fait une place dans le monde du curling

Qualifié pour les Mondiaux juniors, Baptiste Défago (19 ans) évolue à domicile au Palladium de Champéry dans le cadre du Curling Masters en cette fin de semaine.