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Venezuela: Luisa Ortega, magistrate engagée contre le président Nicolas Maduro, se fait démettre de ses fonctions

Luisa Ortega, procureure générale engagée, de gauche, s'est opposée à de nombreuses décisions du président Nicolas Maduro. Après que son bureau a été assiégé pour l'empêcher de travailler, elle se fait maintenant démettre de ses fonctions.

05 août 2017, 18:12
/ Màj. le 05 août 2017 à 22:37
Luisa Ortega, la procureur générale, avait émis des soupçons quant à la manipulation par les autorités du vote de ce dimanche.

La nouvelle Assemblée constituante du Venezuela, dotée de pouvoirs illimités, a marqué un grand coup dès le début de ses travaux samedi: elle a limogé la procureure générale Luisa Ortega. Cette femme est devenue l'une des principales opposantes au président socialiste Nicolas Maduro.

"Je ne reconnais pas ces décisions (...) parce qu'elles vont à l'encontre de la Constitution et de la loi", a déclaré en soirée Luisa Ortega. Elle a dénoncé "un coup d'Etat contre la Constitution" mené par le gouvernement de M. Maduro.

 

 

Mme Ortega sera remplacée provisoirement par le "défenseur du peuple" (ombudsman) Tarek William Saab, a annoncé l'Assemblée, qui a également décidé qu'elle siègerait pour une durée maximale de deux ans.

 

 

La procureure avait indiqué plus tôt aux journalistes que des unités de la Garde nationale bolivarienne (GNB) ayant pris position autour des bureaux du Parquet général dans le centre de Caracas, l'avaient empêchée d'entrer dans le bâtiment.

"C'est une dictature!" avait-elle dénoncé devant les journalistes. "Non seulement ils arrêtent les gens arbitrairement, mais ils les font juger par la justice militaire, et maintenant ils ne laissent pas entrer la procureure générale dans son bureau". Elle a promis de continuer "à lutter pour la liberté et la démocratie au Venezuela".

Rupture de l'ordre constitutionnel

Nommée en 2007 procureure générale par le défunt Hugo Chavez, Mme Ortega est la principale figure institutionnelle à défier son successeur, M. Maduro. Elle a dénoncé une rupture de l'ordre constitutionnel avec l'élection le 30 juillet de l'Assemblée constituante détenant tous les pouvoirs. Le Parquet général avait demandé vendredi à la justice l'annulation de la séance inaugurale de cette Constituante.

Les services de Mme Ortega avaient expliqué que cette demande se basait sur "la commission présumée de délits durant le processus électoral" du 30 juillet. Le Parquet général avait ouvert une enquête mercredi, à la suite de révélations de l'entreprise britannique SmartMatic, chargée des opérations de vote, estimant "manipulés" les chiffres de participation officiels.

Selon cette société, la différence entre la participation réelle et celle annoncée par les autorités est "d'au moins un million de votes". Au lendemain du scrutin, M. Maduro avait menacé de "prendre le mandat" de la procureure générale, qui avait dénoncé "une ambition dictatoriale".

Le Mercosur suspend Caracas

A l'extérieur du pays, les ministres des Affaires étrangères du Brésil, de l'Argentine, de l'Uruguay et du Paraguay ont décidé samedi de suspendre politiquement le Venezuela du Mercosur, "pour rupture de l'ordre démocratique". C'est ce qu'a indiqué le marché commun sud-américain dans un communiqué.

"La suspension a été appliquée en raison des actes du gouvernement de Nicolas Maduro, et constitue un appel à un début immédiat d'un processus de transition politique et de restauration de l'ordre démocratique", explique le communiqué envoyé par les pays fondateurs du Mercosur à l'issue d'une réunion à Sao Paulo, au Brésil.

Le Venezuela est déjà mis à l'écart du marché commun sud-américain depuis décembre, pour des raisons commerciales. Mais l'invocation de la clause démocratique vise à obtenir une plus grande répercussion politique. Cette clause, intitulée "protocole d'Ushuaïa", n'avait été utilisée qu'une seule fois auparavant, en 2012 pour sanctionner le Paraguay après la destitution du président Fernando Lugo.

 

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