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Trente ans après sa chute, le Mur de Berlin reconstruit en réalité virtuelle

Grâce à une expérience de réalité virtuelle, le mur de Berlin, quasiment rasé, est à nouveau visible. Une start-up allemande propose un voyage dans le temps, dans Berlin-Est et la guerre froide. Une immersion qui se veut éducative.

05 nov. 2019, 11:19
Les touristes chaussent ensuite des lunettes de réalité virtuelle et les voilà partis pour un tour en bus à travers les avenues de Berlin-Est.

Trente ans après sa chute, le Mur de Berlin renaît en réalité virtuelle. Une start-up allemande propose aux touristes de remonter le temps pour un voyage dans Berlin-Est la communiste.

Le bus s’approche de Checkpoint Charlie, jadis le point de passage le plus célèbre entre les deux Berlin. Impassibles, des soldats est-allemands conversent à voix basse: vont-ils interroger les passagers ou les laisser passer sans encombre?

 

 

Après quelques minutes de tension, le véhicule repart. Les voyageurs entrent alors dans la grise Berlin-Est dont les bâtiments couverts de suie disparaissent en partie dans le brouillard. Bienvenue dans la capitale d’un Etat qui n’existe plus!

Tourisme immersif

La startup TimeRide, qui propose ce voyage virtuel d’une heure, a démarré fin août, avant les célébrations qui marqueront le 9 novembre le trentième anniversaire de la chute du Mur. «Notre idée, c’est que si l’on ne peut pas encore remonter le temps, essayons de créer une illusion parfaite» du passé, explique à l’AFP le fondateur de TimeRide, Jonas Rothe, 33 ans.

 

 

«Ce n’est pas un musée et nous ne voulons pas l’être non plus. Nous voulons que vous ayez le sentiment d’être un intervenant de l’Histoire», poursuit-il. Son projet répond à une demande grandissante pour un tourisme «authentique», interactif et en immersion, en particulier à Berlin dont la physionomie a été profondément bouleversée depuis le 9 novembre 1989, selon M. Rothe.

Les nombreux touristes qui se rendent chaque année dans la capitale allemande sont souvent déçus quand ils constatent qu’il reste si peu de traces de ce «Mur de la honte» qui a divisé la ville durant plus de 28 ans.

Quasiment rasé

Dans l’euphorie de la chute du régime communiste, l’enceinte de béton a quasiment disparu du paysage urbain, les Berlinois cherchant à oublier ce symbole douloureux qui a longtemps défiguré leur ville.

 

 

La visite démarre par une rapide introduction historique rappelant le contexte d’après-guerre, quand l’Allemagne fut divisée en quatre secteurs. En 1961, le Mur fut construit en une nuit, les autorités est-allemandes cherchant ainsi à endiguer un exode vers l’Ouest.

Surveillance et pénuries

Trois personnages virtuels – un punk, un artisan et une architecte en quête de vérité – se présentent ensuite au public qui doit en sélectionner un pour lui servir de guide touristique.

Ils chaussent ensuite des lunettes de réalité virtuelle et les voilà partis à travers les avenues de Berlin-Est, la Friedrichstrasse d’abord puis la Leipziger Strasse, où s’alignent des barres d’immeubles typiques de l’époque.

Dans des voitures sans plaque d’immatriculation, des agents de la Stasi surveillent des Allemands de l’Est tandis que se forment de longues files d’attente devant les magasins toujours à court de denrées et de produits frais. Des mégaphones crachent la propagande de l’Etat communiste.

 

 

L’illusion est presque parfaite. Il ne manque que l’odeur nauséabonde et si particulière des pétaradantes Trabant. «Bien sûr, ce sont les odeurs qui réveillent le plus la mémoire, mais c’est difficile à restituer sans donner des maux de tête aux gens», plaisante M. Rothe.

Le tour en bus s’achève devant le Palais de la République, où siégeait notamment le parlement est-allemand, détruit en 2008. Suivent les scènes de liesse après l’ouverture du Mur de Berlin quand les Allemands se sont retrouvés.

«Ces images ne manquent jamais d’émouvoir les gens, c’est un moment décisif dans l’histoire de l’Allemagne, de l’Europe et du monde entier», selon M. Rothe.

Transmettre aux plus jeunes

Les visiteurs semblent convaincus par ce périple virtuel. «J’aime cette espèce de mélancolie dans les vieux films d’espionnage, ces grandes places traversées par deux personnes seulement», explique Colin MacLean, 47 ans, un Ecossais qui souhaite en apprendre plus sur l’Allemagne de l’Est, sa femme ayant grandi sous le communisme.

«La façon dont ils montrent le passage de la frontière correspond vraiment à la réalité», estime de son côté Robert Meyer, un Allemand de l’Ouest de 55 ans qui rendait régulièrement visite à sa famille à l’Est.

Pour les plus jeunes, la réalité virtuelle peut permettre d’appréhender une page d’Histoire qu’ils n’ont pas connue.
Anna Kaminisky, dirigeante de la Fondation pour l’étude de la dictature communiste en RDA

Le voyage virtuel fait toutefois l’impasse sur les évasions et les tentatives de ceux qui cherchaient à fuir la RDA. Trois cent vingt-sept personnes sont mortes en voulant franchir la frontière entre les deux Allemagne, selon une étude commandée par le gouvernement, mais dont les conclusions restent controversées.

Pour les plus jeunes, la réalité virtuelle peut permettre d’appréhender une page d’Histoire qu’ils n’ont pas connue, juge Anna Kaminisky, dirigeante de la Fondation pour l’étude de la dictature communiste en RDA.

«Il est essentiel d’utiliser les nouvelles technologies pour enseigner cette période aux nouvelles générations et pour qu’elles ressentent un peu ce que c’était de vivre derrière le Mur», indique-t-elle.

 

En savoir plus : Le site de TimeRide

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