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Terrorisme: la résurgence de l’Etat islamique ne serait qu’une question de temps

Bien que Donald Trump ait affirmé que l’Etat islamique avait été défait, cette organisation n’aurait jamais été vraiment vaincue, selon des experts. Son retour ne serait qu’une question de temps.

14 août 2019, 19:07
Selon le rapport, «l’EI a renforcé ses capacités insurrectionnelles en Irak et a repris ses activités en Syrie ce trimestre.»

Le groupe Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie n’a pas été vraiment vaincu. Sa résurgence, sous cette appellation ou une autre, n’est qu’une question de temps, préviennent des officiels et des experts.

Contredisant l’affirmation du président américain Donald Trump selon laquelle l’organisation djihadiste avait été défaite, de récents rapports de groupes de réflexion, des Nations Unies mais aussi du Pentagone décrivent une organisation, certes privée d’assise territoriale et passée dans la clandestinité, mais toujours active. Elle disposerait de milliers de combattants, de millions de dollars et d’un réseau de propagande et de soutien mondial.

Dans un rapport intitulé «Ne parlez pas d’un retour: la persistance de l’Etat islamique», le cabinet d’analyse Soufan Center estime que «l’EI est bien vivant et en bonne santé en Irak et en Syrie». «Il est clair que l’EI est en mesure de maintenir son insurrection dans un avenir prévisible», écrit le cabinet. «Il n’est pas question de son retour en Irak et en Syrie: le groupe et ses membres n’en sont jamais partis».

Dispersion plutôt que disparition

La perte progressive des territoires qu’il contrôlait, face à une coalition internationale surpuissante, ne s’est pas accompagnée d’une fuite ou d’une démobilisation de ses combattants mais d’une dispersion. Il s’agit en fait d’un passage à la clandestinité favorisé par la mauvaise gouvernance des zones libérées, le retrait partiel des forces américaines et les dissensions au sein de ses adversaires.

 

 

Dans un rapport rendu public mardi, l’Inspecteur général du Pentagone estime que «même s’il a perdu son 'califat' territorial, l’EI a renforcé ses capacités insurrectionnelles en Irak et a repris ses activités en Syrie ce trimestre». L’EI a pu «regrouper et soutenir des opérations» dans ces deux pays en partie parce que les forces locales «restent incapables de maintenir des opérations à long terme, de conduire des opérations simultanément, ou de garder le territoire qu’elles ont libéré», ajoute-t-il.

Dans un rapport datant de la mi-juillet, le Conseil de sécurité de l’ONU estime lui aussi que «l’EI s’adapte, se consolide et crée les conditions d’une éventuelle résurgence dans ses bastions en Irak et en Syrie». «Le processus est plus avancé en Irak, où son chef Abou Bakr al-Baghdadi et la plupart de ses dirigeants sont désormais basés», ajoutent les experts des Nations unies.

Des zones grises

Il y a en Irak comme en Syrie des zones grises, mal contrôlées par les autorités dans lesquelles des cellules de l’EI ont pu se reconstituer, notent les auteurs de ces rapports. Ailleurs, des cellules clandestines ont recours aux assassinats ciblés, aux attentats, aux embuscades, au racket, aux menaces pour affaiblir leurs ennemis.

Une campagne de mise à feu des récoltes s’est déroulée cet été dans plusieurs régions, afin de miner l’autorité des pouvoirs locaux et de démontrer leur incapacité à contrôler et reconstruire les zones ravagées par la guerre. Détournant le slogan de l’EI, «Se maintenir et s’étendre», le groupe de réflexion Rand Corp a titré son rapport, paru la semaine dernière, «Revenir et s’étendre?».

Selon les experts de la Rand, qui ont étudié «les finances et les perspectives de l’Etat islamique après le califat», le groupe pourrait encore disposer d’un trésor de guerre de plus de 400 millions de dollars, dissimulé sous une multitude de formes différentes et clandestines, en Syrie, en Irak et dans les pays voisins.

«Si l’EI prévoit un retour, comme nous pensons que c’est le cas, le groupe va s’en tenir aux recettes qui marchent: diversifier son portefeuille financier afin de disposer de financements fiables et stables», estime la Rand. «Le groupe a déjà été donné pour vaincu (…) Son talent pour se financer par des activités criminelles va se révéler utile: ses membres vont racketter, kidnapper, tuer, voler, trafiquer pour se procurer l’argent nécessaire à leur survie».

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