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Terrorisme: l'avocat belge d'Abdeslam demande l'invalidation des poursuites

Jeudi, Sven Mary a demandé aux juges l'invalidation des poursuites en Belgique contre son client Salah Abdeslam. Un mélange linguistique contraire à la loi belge en serait la cause, le doyen des juges aurait dû utiliser le néerlandais et non le français.

08 févr. 2018, 19:16
La Belgique compte trois langues officielles, le français, le néerlandais et l'allemand. Leur usage dans les instances publiques fait l'objet de règlements serpentins.

L'avocat de Salah Abdeslam a demandé jeudi aux juges de déclarer irrecevables les poursuites en Belgique contre son client pour vice de procédure. En cause, un mélange linguistique contraire selon lui à la loi belge.

Dans son ordonnance de saisine du magistrat instructeur chargé du dossier, le doyen des juges antiterroristes aurait dû employer le néerlandais et non le français, puisqu'il est rattaché au tribunal néerlandophone de Bruxelles. "C'est un vrai problème" a déclaré Sven Mary, avant d'appeler les juges à "rendre les poursuites irrecevables". Le tribunal devra statuer sur ce point.

La Belgique compte trois langues officielles, le français, le néerlandais et l'allemand. Leur usage dans les instances publiques fait l'objet de règlements serpentins.

Qualification "terroriste" rejetée

Une peine de vingt ans de prison avec treize ans de sûreté, soit le maximum pour les faits jugés, a à nouveau été requise lundi par le parquet fédéral contre Salah Abdeslam et son coprévenu Sofiane Ayari, djihadiste tunisien de 24 ans. Tous deux doivent répondre de "tentative d'assassinat sur plusieurs policiers" et "port d'armes prohibées", le tout "dans un contexte terroriste". Une qualification vivement contestée jeudi par les avocats de la défense.

Dans sa plaidoirie, Sven Mary a tenté de faire valoir qu'une telle qualification ne s'appliquait pas, dans la mesure où son client n'avait pas cherché à intimider la population mais à s'enfuir face à des policiers. Il a estimé que seul le troisième occupant de l'appartement, l'Algérien Mohamed Belkaïd tué pendant l'assaut, avait tiré sur les policiers.

Si les deux coprévenus s'étaient comportés comme des terroristes, a soutenu un conseil de Sofiane Ayari, Me Isa Gultaslar, ils seraient morts en martyrs, "ce statut privilégié recherché par tous", a-t-il dit. "Eux, ce qu'ils voulaient ce n'est justement pas mourir, mais fuir", a-t-il ajouté. 

"Folie médiatique"

Alors que Salah Abdeslam avait défié ses juges lundi, disant placer sa confiance seulement en "Allah", Sven Mary l'a dépeint en "stoïcien qui accepte le sort qui est le sien". "Mais moi, ce sort, je peux l'impacter", a-t-il affirmé. Et "au contraire de Salah Abdeslam je reconnais votre légitimité et je la respecte".

Me Sven Mary a aussi demandé au tribunal de s'extraire de "la folie médiatique et sécuritaire de ce procès". "Ce dossier est pollué par tout ce que vous avez lu, vu, entendu", a-t-il lancé. "Je vous demande de juger Salah Abdeslam comme vous jugeriez Dupont."

Tandis que Sofiane Ayari se retrouvait seul face au tribunal, Salah Abdeslam a été raillé pour son absence par les parties civiles. "Son comportement et son opportunisme me fatiguent", a affirmé Me Tom Bauwens, l'avocat de deux policiers des unités spéciales belges. "Ils sont musulmans quand ça les arrange, djihadistes quand ça les arrange. Il va se moquer de notre Etat de droit (...), de tout le monde."

Les principaux débats se sont terminés jeudi vers 17h20. Le dossier a néanmoins été mis en continuation au 29 mars prochain. Sofiane Ayari a d'ores et déjà annoncé qu'il ne souhaitait pas être présent à la prochaine audience. A l'issue du procès, le jugement sera mis en délibéré. Il devrait être rendu dans plusieurs semaines.

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