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Russie: à peine amnistiées, deux Pussy Riot repartent au combat

Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova, membres des Pussy Riot, ont été remises en liberté lundi. Dès leur sortie de prison, elles ont repris le chemin de la contestation et critiqué le président russe.

23 déc. 2013, 15:18
Feminist punk group Pussy Riot members, from left, Nadezhda Tolokonnikova, Maria Alekhina and Yekaterina Samutsevich sit in a glass cage at a court room in Moscow, Russia, Wednesday, Aug. 8, 2012. Prosecutors on Tuesday called for three-year prison sentences for feminist punk rockers who gave an impromptu performance in Moscow's main cathedral to call for an end to Vladimir Putin's rule, in a case that has caused international outrage and split Russian society.(AP Photo/Alexander Zemlianichenko)

Dès leur remise en liberté, Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova ont montré qu'elles n'ont rien perdu de leur esprit de contestation et ont critiqué le président russe. "La Russie sans Poutine", a ainsi crié Nadejda Tolokonnikova à sa sortie de prison. Libérée quelques heures auparavant, Maria Alekhina a pour sa part qualifié d'"opération de communication" l'amnistie ayant permis sa libération anticipée et dit qu'elle continuerait à s'opposer au président russe.

Toutes deux avaient été condamnées à deux ans de camp en mars 2012 pour "hooliganisme" après avoir chanté une "prière punk" contre le président Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou. Ekaterina Samoutsevitch, troisième membre des Pussy Riot, avait obtenu une libération anticipée en octobre 2012. Sa peine avait été commuée en sursis au motif qu'elle avait été interceptée par les gardes de la cathédrale avant d'avoir pu prendre part à la performance.

"Les camps sont le reflet du pays"

Maria Alekhina, âgée de 25 ans, a été libérée en toute discrétion dans la matinée de son camp situé à Nijni-Novgorod (Volga), tandis que Nadejda Tolokonnikova, 24 ans, a quitté sous le feu des projecteurs l'hôpital pénitentiaire où elle se trouvait à Krasnoïarsk, en Sibérie orientale.

Accueillie par une meute de journalistes, cette dernière, qui avait effectué plusieurs grèves de la faim pour dénoncer ses conditions de détention, est apparue amaigrie.

Dès sa sortie, elle a fustigé le système pénitentiaire et estimé qu'il était un reflet du pays tout entier. "La Russie est construite sur le modèle d'une colonie pénitentiaire et c'est la raison pour laquelle il est si important de changer les colonies pour changer la Russie de l'intérieur", a-t-elle dit, selon des images retransmises à la télévision.

"Les camps sont le visage du pays", a-t-elle ajouté. Elle a jugé que le temps qu'elle avait passé en détention n'avait pas été "du temps perdu", et estimé qu'elle avait "grandi" grâce à cette expérience. "J'ai vu cette petite machine totalitaire de l'intérieur", a-t-elle déclaré.

"Si j'avais eu le choix, j'aurais refusé"

De son côté, Maria Alekhina, visiblement en bonne forme, a fustigé la loi d'amnistie qui a permis sa libération. Le texte, approuvé mercredi dernier par le Parlement à l'occasion des 20 ans de la constitution, prévoit d'amnistier entre autres les personnes condamnées pour "hooliganisme" et les mères d'enfants mineurs.

"Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un geste d'humanisme, mais plutôt d'une opération de communication", à la veille des Jeux olympiques de Sotchi, a asséné la jeune femme, mère d'un petit garçon, dans un premier entretien par téléphone à la chaîne câblée Dojd.

Elle a raconté avoir été "sous le choc" quand elle a été libérée. "Si j'avais eu le choix, j'aurais refusé" par solidarité, a-t-elle déclaré, dénonçant une loi qui ne concerne "même pas 10%" des détenus. Elle a par ailleurs affirmé ne pas avoir changé d'avis sur le président Vladimir Poutine.

Défendre les droits des détenus

Selon son avocat, elle devrait d'abord se rendre à Moscou, puis s'envoler pour Krasnoïarsk pour retrouver Nadejda Tolokonnikova. Les deux jeunes femmes ont indiqué avoir l'intention d'oeuvrer ensemble pour la défense des droits des détenus. "Le plus dur en prison était de voir comment ils cassent les gens", a déclaré Maria Alekhina.

La condamnation des Pussy Riot avait suscité un tollé international et de nombreuses stars de renommée mondiale telles que Madonna ou Paul McCartney avaient appelé à leur libération.

Leur sortie de prison intervient trois jours après celle de l'ex-magnat du pétrole et critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski, gracié par Vladimir Poutine. Ce geste a été interprété par certains observateurs comme une volonté d'améliorer l'image de la Russie à l'approche des JO qui doivent se tenir en février à Sotchi.

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