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Robots tueurs: les grandes puissances verrouillent le débat

Les robots tueurs ont de beaux jours devant eux. Les grandes puissances se sont opposées à Genève à une réglementation plus dure de ces armes. Certaines ONG sont clairement déçues.

29 mars 2019, 20:48
Aussi bien les Etats-Unis, que la France, la Chine, la Russie, l'Australie et d'autres pays se sont montrés clairement opposés à un instrument juridiquement contraignant.

Le droit international humanitaire (DIH) suffit à encadrer la question des robots tueurs, selon les grandes puissances. Cette semaine à Genève, elles ont verrouillé leur opposition à une réglementation plus dure de ces armes. Des ONG sont déçues.

De lundi à vendredi, le Groupe gouvernemental d’experts (GGE) sur ces questions s’est réuni pour la troisième année consécutive. Aussi bien les Etats-Unis, que la France, la Chine, la Russie, l’Australie et d’autres pays se sont montrés clairement opposés à un instrument juridiquement contraignant. Contrairement à d’autres acteurs comme le Costa Rica, la Belgique ou l’Autriche.

«Il y a une guerre de clans», a dit à Keystone-ATS le directeur des risques globaux au Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP) Jean-Marc Rickli. «Cette semaine a marqué un changement assez clair. Plusieurs pays reprennent désormais à leur compte l’argument selon lequel ces armes seront plus précises et que les tirs amis pourront être évités et donc que les armes autonomes protégeront mieux les civils».

Parmi les grandes puissances, la France a notamment appelé à ne pas entraver les activités légitimes et civiles des Etats sur l’intelligence artificielle (IA). Mais une ONG a relevé que plus de 4500 spécialistes de la branche, dont des patrons, ont appelé à interdire les robots tueurs.

 

 

Discussion «trop tardive»

Pour M. Rickli, «cette discussion aurait dû avoir lieu il y a dix ans». «Les grandes puissances militaires et certains de leurs alliés ont déjà commencé à investir dans l’autonomisation de leur armement», dit-il. Elles se défient comme dans les années 50 lors de la course aux satellites.

«Les premières manifestations risquent d’être dans le domaine cybernétique», affirme le chercheur. Sur le champ de bataille physique, des drones sont déjà utilisés mais la prise de décision reste humaine. Avec les avancées technologiques actuelles «ce n’est qu’une question de temps avant que les premières armes autonomes soient développées», ajoute encore M. Rickli.

De son côté, la Suisse avait, elle, salué il y a quelques mois les «avancées» récentes sur le besoin d’un contrôle humain «significatif» sur les questions de tir et de ciblage. Elle a choisi une «approche pragmatique» pour faire avancer la discussion, explique M. Rickli.

Appel à un nouveau format par les ONG

Des ONG sont, elles, déçues. La responsable de la campagne pour une interdiction préventive de ces systèmes d’armes létales autonomes, Mary Wareham de Human Rights Watch (HRW), demande un mandat de négociation pour un traité d’interdiction dès cette année. Elle déplore que ce format soit «incapable» d’aboutir à un résultat.

Les spécialistes qui se sont réunis cette semaine doivent se retrouver en août prochain à Genève. Avant une réunion en novembre des parties à la Convention sur certaines armes classiques (CCW) qui avaient décidé de mandater ce groupe.

Selon la campagne pour l’interdiction, les grandes puissances l’utilisent pour «détourner l’attention publique». Mais le président du GGE, le Macédonien du Nord Ljupco Jivan Gjorgjinski, ne les voit pas s’associer à un traité d’interdiction. Le format du GGE «a beaucoup plus de valeur», selon lui. Pour autant, aucune garantie d’une déclaration politique au terme de ce dispositif n’a été donnée.

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