Votre publicité ici avec IMPACT_medias

RDC: engouement à l'heure critique du dépouillement, quatre morts dans le Sud-Kivu

Le dépouillement a commencé dimanche soir en République démocratique du Congo (RDC). Par ailleurs, quatre personnes, dont un policier et un agent électoral, ont été tuées dimanche lors des élections dans la province du Sud-Kivu (est).

30 déc. 2018, 20:09
/ Màj. le 30 déc. 2018 à 21:40
L'engouement pour des élections générales historiques trois fois reportées s'est confirmé tout au long de la journée en RDC.

L'heure critique du dépouillement va commencer dimanche soir en République démocratique du Congo (RDC). L'engouement pour des élections générales historiques trois fois reportées s'est confirmé tout au long de la journée.

Les opérations de vote se prolongent d'ailleurs bien au-delà de l'heure limite dans des bureaux de vote à Kinshasa et Goma, à 2000 km plus à l'est, ont rapporté des journalistes de l'AFP. L'heure butoir était initialement fixée à 17h00 (16h00 GMT à Kinshasa, 15h00 GMT à Goma).

Des bureaux de vote n'ont pu ouvrir à temps et d'autres ont subi les caprices de la machine à voter pour ce troisième scrutin présidentiel depuis 2006, le plus riche en intensité.

Quelque 40 millions d'électeurs, dont beaucoup de jeunes, ont été appelés à désigner le successeur du président Joseph Kabila, contraint de ne pas briguer un troisième mandat interdit par la Constitution.

" J'ai déjà gagné"

De bon matin, le président Kabila a voté en famille à Kinshasa, suivi de son dauphin, le candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadary.

"J'ai déjà gagné. Je serai élu, c'est moi le président à partir de ce soir", a affirmé M. Ramazani Shadary en sortant du bureau de vote à Kinshasa. La Commission électorale nationale indépendante (Céni) s'est pourtant donné une semaine jusqu'au 6 janvier pour la proclamation des résultats provisoires.

Un sondage a donné cette semaine le dauphin perdant et ont prédit la victoire du candidat d'opposition Martin Fayulu.

"Nous suivons pas à pas ce qui se passe. Si c'est fait dans le but de légitimer le candidat du pouvoir, nous ne l'accepterons pas", a prévenu l'un des deux candidats de l'opposition, Félix Tshisekedi.

Des incidents

M. Tshisekedi évoquait les incidents qui ont émaillé la journée électorale.

En début d'après-midi, la conférence épiscopale (Cenco) en a relevé 1543 sur les 12'300 rapports de ses observateurs sur le terrain. Ces incidents portent sur des "dysfonctionnements de la machine à voter" (544), "interdiction d'accès ou expulsion des observateurs des bureaux de vote" (115), ou le même sort réservé aux "témoins" des candidats (96), détaille la Cenco.

A Kinshasa, des électeurs ont hué le président de la Céni, Corneille Nangaa, venu en personne constater les problèmes au centre de vote Saint-Raphaël à Limete. Dans ce bastion de l'opposition, les opérations de vote doivent se poursuivre jusqu'à 22h00 après de gros retards à l'ouverture en matinée.

La cité de Beni, dans le Nord-Kivu, a organisé un vote symbolique pour protester contre le report des élections présidentielle, législatives et provinciales dans sa région. Les autorités ont justifié ce report en raison de l'épidémie d'Ebola et des massacres de civils dans la région, ce qui a provoqué la colère des habitants.

Couacs des machines

Objet de toutes les polémiques depuis plus d'un an, la machine à voter a connu de nombreux couacs dimanche. "Il n'y a pas de machines et les quelques machines qui sont là, elles ont des problèmes, elles ne marchent pas, et nous n'avons pas de matériel électoral", a déclaré Pesible, un électeur.

"Il y a cinq à six bureaux où les machines ne fonctionnent pas" a témoigné à Lubumbashi un "témoin" (observateur d'un candidat). Le vote "avec la machine est très compliqué. J'ai appuyé sans trop savoir pour qui. Je n'ai pas vu le numéro ni le visage de mon candidat", regrette Madeleine, une dame d'un âge avancé en sortant de l'isoloir dans le quartier populaire de Ndjili.

Les électeurs qui ont pu voter ne cachaient par leur enthousiasme et leur soif d'autres horizons. "Parce que le Congo a trop souffert nous méritons le changement", résume un électeur à Goma, Patrice Nzanzu, technicien.

Prière du Pape

Le pape François a prié dimanche pour la RDCongo, appelant tous les acteurs à assurer un déroulement "régulier et pacifique" des élections.

Kinshasa a refusé toute aide logistique des Nations unies, présentes depuis 20 ans au Congo, de même que toute mission d'observation occidentale.

Le pouvoir a annoncé la fermeture de ses frontières terrestres, lacustres et fluviales le jour du vote avec ses neuf voisins. En revanche, internet n'était pas coupé, contrairement à ce qui se passe lors des journées de fortes tensions.

La campagne avait été rattrapée par la violence, avec une dizaine de morts selon une association de défense des droits humains, ce que nie le pouvoir.

Samedi soir, les deux candidats de l'opposition ont refusé de signer un document destiné à prévenir les violences post-électorales, en claquant la porte d'une médiation conduite par des observateurs africains.

Quatre morts dans le Sud-Kivu

Quatre personnes, dont un policier et un agent électoral, ont été tuées dimanche lors des élections en République démocratique du Congo dans la province du Sud-Kivu (est). L'information a été communiquée à l'AFP le directeur de campagne du candidat d'opposition à la présidentielle Félix Tshisekedi.

Le policier, l'agent électoral et deux civils ont été tués dans le territoire de Walungu, a précisé Vital Kamerhe, ex-président de l'Assemblée nationale et originaire de cette même province du Sud-Kivu.

M. Kamerhe a accusé l'agent électoral de truquer le vote en faveur du candidat du pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary: "L'agent électoral, a-t-il dit, s'est enfermé et a commencé à voter Shadary lui-même", a expliqué M. Kamerhe à l'AFP en dressant un bilan de la journée électorale.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias