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Prix Nobel: la pandémie perturbe les traditionnelles cérémonies de remise

En cette année particulière, les cérémonies de remise des prix Nobel vont devoir faire avec les restrictions de la crise sanitaire. D’autres événements, comme les guerres et les scandales, avaient également perturbé les remises des prix par le passé.

05 oct. 2020, 19:32
La crise du Covid-19 va perturber les cérémonies de fin d'année des prix Nobel.

Guerres, lauréats emprisonnés, incidents diplomatiques…: les prix Nobel ont une longue histoire d’imprévus et d’empêchements. Ceux de cette année seront bien attribués cette semaine mais, Covid-19 oblige, les traditionnelles cérémonies de remise du 10 décembre sont réduites à portion congrue.

Prix non attribués

Les comités chargés de remettre les Nobel (médecine, physique, chimie, littérature et économie à Stockholm, paix à Oslo) peuvent décider de s’abstenir d’attribuer les prix en octobre. Les statuts de la Fondation Nobel le prévoient quand aucun travail ou découverte n’est jugé digne de la récompense.

La non-attribution peut aussi être un hommage: en 1948, quelques mois après la mort de Gandhi, le Nobel de la paix n’est pas attribué, en hommage au dirigeant pacifiste indien qui ne l’a jamais obtenu, ce qui est largement considéré comme un oubli historique. Le comité souligne cette année-là qu’il n’y a « pas de candidat vivant qui convienne ».

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Au total, 49 prix n’ont pas été attribués, principalement celui de la paix (16 fois).

Le prix peut aussi être remis rétroactivement. Le dernier cas remonte à 2018, où le prix de littérature n’a pas été remis en raison d’un scandale à l’Académie suédoise, maison-mère du comité Nobel pour la littérature. Il sera finalement décerné rétroactivement à la Polonaise Olga Tokarczuk, l’année suivante.

Guerres mondiales

Bien que la Suède ait à chaque fois été neutre, les comités Nobel ont souvent fait l’impasse durant la Première et, surtout, la Seconde guerre mondiale. A la fois pour des raisons morales et logistiques, mais aussi parce qu’ils n’avaient plus accès aux publications scientifiques.

La Norvège, elle, est occupée par l’Allemagne nazie à partir d’avril 1940. Le Nobel de la paix ne sera plus attribué entre 1939 et 1945, année où celui de 1944 est remis rétroactivement à la Croix-Rouge.

A Stockholm, l’attribution des prix en octobre a pu reprendre dès 1944. Cette année-là, la cérémonie de décembre passe toutefois à la trappe, ce qui ne se reproduira plus jusqu’à aujourd’hui.

Lauréats absents

En 1924, une combinaison de lauréats malades, dont l’écrivain polonais Wladyslaw Reymont, et de prix non remis (chimie et paix) entraîne l’annulation des cérémonies à Stockholm et Oslo, cas unique en temps de paix jusqu’à 2020.

Egalement annulé cette année, le grand banquet du 10 décembre à l’Hôtel de ville de Stockholm s’était, lui, toujours tenu depuis 1956. Cette année-là, en protestation contre la répression soviétique de l’insurrection de Budapest, le dîner avait eu lieu en format restreint dans une plus petite salle.

Plusieurs lauréats n’ont pu se rendre à la cérémonie pour des raisons politiques. Prix de la paix en 1935 (décerné en 1936), le pacifiste allemand Carl von Ossietzky, premier opposant politique récompensé d’un Nobel, est détenu dans un camp de concentration nazi. Il mourra deux ans plus tard.

 

 

En 1991, l’opposante birmane Aung San Suu Kyi est elle aussi détenue. Ce n’est qu’en 2012 qu’elle pourra recevoir son prix en personne à Oslo.

Emprisonné dans son pays, le militant chinois des droits de l’Homme Liu Xiaobo, aujourd’hui décédé, ne pourra pas non plus recevoir son prix en 2010.

Côté littérature, Alexandre Soljenitsyne renonce à venir chercher son prix 1970 à Stockholm, de peur de ne pouvoir revenir en URSS. Il parvient toutefois à faire parvenir son discours de remerciement en Occident, via un correspondant suédois à Moscou, qui cache les négatifs de photos du texte dans un transistor. Banni d’Union soviétique, Soljenitsyne recevra finalement son prix en 1974.

Prix refusés

Plusieurs lauréats ont refusé les lauriers, dont deux de leur propre initiative. En 1958, l’écrivain russe Boris Pasternak, l’auteur du « Docteur Jivago », accepte dans un premier temps la distinction, avant d’être forcé par les autorités soviétiques d’y renoncer.

En 1964, l’écrivain français Jean-Paul Sartre refuse le prix, expliquant vouloir rester libre alors que le Nobel l’aurait mis « sur un piédestal ».

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En 1973, le négociateur nord-vietnamien Le Duc Tho, co-lauréat d’un Nobel de la paix très controversé avec l’Américain Henry Kissinger, refuse également, arguant que la trêve négociée pour mettre fin à la guerre du Vietnam n’est pas respectée. Quant à Kissinger, il n’ose pas se rendre à Oslo, de peur de manifestations, et se fait remplacer par l’ambassadeur américain à la cérémonie.

Dans les années 1930, trois scientifiques allemands sont distingués: Richard Kuhn (1938) et Adolf Butenandt (1939) en chimie, Gerhard Domagt (1939) en médecine. Mais Hitler -enragé par le prix attribué à von Ossietzky- ayant interdit à tout Allemand de recevoir un Nobel, ils sont forcés de décliner. Ils recevront leur Nobel après la guerre.

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