Rien n’a été laissé au hasard. Ni les lunettes de soleil. Ni le manteau noir qui tombe des épaules une fois franchi le podium. Les yeux rivés sur un océan de petits drapeaux rouges, Recep Tayyip Erdogan salue l’audience d’une main levée vers le ciel, effleure le micro de ses lèvres, avant de fredonner: «Notre histoire est une histoire d’amour. Noire et blanche comme un film. Comme le feu et l’eau, comme la rose et l’épine. Comme un roman.» A ses pieds, une grappe de femmes voilées en émoi lui font écho, en reprenant le tube sulfureux de Kayahan, une star de la pop turque. Une fois la foule au diapason, le président-crooner se ressaisit. «Istanbul, quelle belle ville es-tu!», lance l’homme fort du pays en guise d’introduction à ce énième meeting de campagne.
L’exposé – une heure chrono – prend soudain des allures de bilan annuel d’entreprise. Une...