Après la Turquie et la mer Egée, c’est sur la Libye et la Méditerranée centrale que l’Union européenne concentre ses efforts, dans l’espoir de juguler les flux de migrants. Denis Duez, président de l’Institut d’études européennes de l’Université Saint-Louis, à Bruxelles, un spécialiste des questions migratoires, dénonce l’obsession sécuritaire des Vingt-Huit. Interview.
On a l’impression qu’on ne voit pas la fin de la crise migratoire à laquelle l’Europe est confrontée et, qu’en plus, son impact politique ne cesse de croître. La partagez-vous?
La crise migratoire est réelle, même s’il faut nuancer sa gravité: lors du pic de 2015, deux millions de migrants ont tenté de rejoindre un ensemble de 500 millions de personnes. Qu’est-ce que cela représente? Ce qui est incontestable, c’est qu’on assiste à une grave crise humanitaire et politique. Les raisons des départs n’ont pas disparu, même si le nombre d’arrivées a diminué. La situation est toujours dramatique,...