Rien de plus exaltant que de foncer en pick-up découvert dans une ville libérée. Abdul Kader el-Senoussi et ses compagnons roulent à tombeau ouvert dans les avenues de Tripoli. Un canon sans recul soudé dans la caisse, pare-brise baissé, ils font hurler l'accélérateur le long de la rue Omar-el-Mokhtar entre les arcades blanches de la ville italienne aux trottoirs jonchés d'ordures. Ils déboulent sur la place Verte, en passe d'être rebaptisée place des Martyrs, où des groupes de combattants rebelles tirent en l'air comme des fous à la mitrailleuse lourde en faisant tinter les étuis sur la chaussée. Ils roulent sur les portraits déchirés de Kadhafi, et prennent, en faisant crisser les pneus, le boulevard du front de mer.
De toute origine
Aux points de contrôle qui fouillent les voitures, les révolutionnaires les laissent passer en criant "Allah Akbar". Kader et ses amis leur répondent par le signe de la...