Longtemps, la Russie a redouté une invasion de son Extrême-Orient, vide d’hommes mais riche en ressources naturelles, par une Chine surpeuplée qui semblait vouloir pousser ses frontières au nord, à la recherche d’espace et d’expédients. Six millions de Russes face à 120 millions de Chinois dans cette région glaciale, séparée par sept fuseaux horaires de Moscou: de quoi nourrir la peur du «péril jaune». Mais à mi-septembre, Moscou et Pékin, qui, depuis, ont soldé leur dernière dispute territoriale, ont affiché à grand renfort de publicité leur rapprochement militaire pendant les exercices «Vostok».
En 1972, la visite du président américain Richard Nixon en Chine avait divisé les deux grandes puissances communistes. Aujourd’hui, Vladimir Poutine rêve d’un scénario inverse. L’agence de presse Sputnik, financée par le Kremlin, annonce fièrement la naissance d’un «nouvel axe majeur du monde multipolaire». Mais est-ce une alliance stratégique ou une simple entente opportuniste?