Le président du Kosovo Hashim Thaçi a démissionné jeudi. Il entend faire face à son inculpation par le tribunal spécial de la Haye sur les crimes de guerre durant le conflit contre les forces serbes à la fin des années 1990.
L’ancien chef politique de la rébellion indépendantiste (UCK), domine la vie politique kosovare depuis deux décennies. «Comme je l’ai promis, je ne vais permettre dans aucune circonstance que je me présente devant la cour en tant du président de la République du Kosovo», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
«En conséquence, pour défendre l’intégrité de la fonction de président et du Kosovo, ainsi que la dignité des citoyens, je démissionne du poste de président de la République du Kosovo», a-t-il ajouté.
Quelques heures plus tard, il décollait de la capitale kosovare avec deux autres ex-guérilloros inculpés, à bord d'un avion militaire à destination de la Haye, selon la presse locale.
«Réécrire l’Histoire»
Hashim Thaçi, 52 ans, proclame depuis toujours son innocence dans le conflit de 1998-1999. Il accuse la justice internationale de «réécrire l’Histoire». La plupart des habitants du Kosovo considèrent le conflit comme une «guerre juste» contre l’oppresseur serbe.
«Ce ne sont pas des moments faciles pour moi et ma famille, et pour ceux qui m’ont soutenu et ont cru en moi durant ces trois dernières décennies de lutte pour la liberté, l’indépendance et la construction d’une nation», a-t-il ajouté.
M. Thaçi s’était réfugié durant quatre ans en Suisse dans les années 1990, avant de participer à la création de l’Armée de libération du Kosovo (UCK), le mouvement de guérilla indépendantiste. Sa mise en accusation pour meurtres, disparitions, persécutions et tortures, avait été rendue publique en juin.
En annonçant la confirmation de cette mise en accusation par un juge, Hashim Thaçi n’a pas précisé quelles charges avaient été retenues. Il a cependant promis de «collaborer étroitement avec la justice».
Allié inculpé
Son allié proche, Kadri Veseli, ex-patron du renseignement de la guérilla kosovare, a également annoncé jeudi la confirmation de son inculpation par les chambres spécialisées du Kosovo (KSC) de La Haye.
Le KSC est une instance de droit kosovar composée de juges internationaux et chargée d’enquêter sur des crimes commis par l’UCK pendant et après le conflit de 1998-1999, principalement à l’encontre de Serbes, de Roms et d’opposants kosovars à la guérilla. Ce tribunal spécial siège aux Pays-Bas afin de protéger les témoins qui sont soumis à des pressions et des menaces.
Dernier conflit en ex-Yougoslavie, la guerre du Kosovo a opposé les forces serbes et la guérilla indépendantiste kosovare albanaise. Elle a fait plus de 13’000 morts, des Albanais pour la plupart. Elle s’est terminée quand une campagne occidentale de bombardements a contraint les forces serbes à se retirer.