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Justice: un expert judiciaire a décrit l’emprise de Ramadan sur ses accusatrices

Les juges d’instruction parisiens ont demandé au docteur Daniel Zagury de déterminer si les liens instaurés par Tariq Ramadan avec ses accusatrices relevaient d’«une relation d’emprise».

20 mai 2020, 07:27
Dans ses conclusions, l’expert estime que cette dimension d’emprise se retrouve dans les relations nouées avec les deux principales plaignantes. (archives)

Un expert psychiatre saisi par la justice estime que les principales accusatrices de Tariq Ramadan ont, en partie sous emprise, accepté d’avoir des relations intimes avec l’islamologue. Elles n’ont cependant pas consenti aux actes sexuels d’une «extrême violence» qu’il leur a fait subir, selon ses conclusions consultées mardi par l’AFP.

Les juges d’instruction parisiens, qui ont mis en examen l’islamologue suisse pour les viols de quatre femmes, avaient demandé à un expert judiciaire réputé, le docteur Daniel Zagury, de déterminer si les liens instaurés par Tariq Ramadan avec elles relevaient d’«une relation d’emprise».

A lire aussi : Tariq Ramadan inculpé à Paris pour le viol de deux autres femmes

Après deux ans et demi d’investigations, le débat sur cette notion s’est imposé au coeur de ce dossier. Les accusatrices ont parfois été mises en difficulté par la révélation d’échanges avec M. Ramadan jugés «ambivalents» par les enquêteurs.

Ce à quoi elle n’a pas consenti, c’est aux actes qu’elle décrit comme d’une extrême violence.
Daniel Zagury, expert judiciaire

Dans ses conclusions, l’expert estime que cette dimension d’emprise, vivement contestée par la défense, se retrouve dans les relations nouées avec les deux principales plaignantes, Henda Ayari et une femme surnommée Christelle. Toutes deux affirment avoir été violées respectivement en 2012 et en 2009.

«Ambivalence des sentiments»

Cette dimension «éclaire essentiellement la face postérieure aux faits, rendant compte de l’ambivalence des sentiments et réactions et de la persistance du lien dans la durée». Concernant Mme Ayari, «pour la phase antérieure, il convient de considérer également l’intensité des sentiments amoureux qui l’ont amenée à consentir à une relation sexuelle», poursuit-il.

C’est une démonstration magistrale et scientifique qui vient corroborer ce que le dossier dit depuis deux ans.
Jonas Haddad, avocat de Mme Ayari

L’expert estime par ailleurs qu’«il serait erroné de considérer que seule l’emprise a conduit [Christelle] à consentir à une rencontre sexuelle». Mais pour les deux femmes, il conclut, à l’identique : «Ce à quoi elle n’a pas consenti, c’est aux actes qu’elle décrit comme un mélange d’extrême violence et d’absence de considération pour son propre désir et sa dignité.»

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Pour l’un des avocats de Mme Ayari, Me Jonas Haddad, «cette expertise vient caractériser l’emprise instaurée par M. Ramadan» et donc établir «la contrainte» qui constitue la définition pénale du viol. «Elle intervient dans un climat délétère puisque ma cliente a encore été agressée la semaine dernière par un partisan de Ramadan», a-t-il ajouté.

«C’est une démonstration magistrale, scientifique et implacable qui vient corroborer ce que le dossier dit depuis maintenant deux ans et demi et qui explique les accusations portées par les plaignantes», a réagi pour sa part Me Eric Morain, l’avocat de Christelle. Les avocats de M. Ramadan n’étaient pas disponibles dans l’immédiat pour réagir.

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