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France: producteur de musique tabassé à Paris, quatre policiers suspendus

Quatre policiers français ont été suspendus jeudi après une intervention très violente sur un producteur de musique à Paris. Cet incident intervient en pleine polémique sur le droit de filmer les forces de l’ordre en opération.

26 nov. 2020, 22:22
Le Ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a dit jeudi qu'il demanderait la "révocation" des policiers quand les faits seront établis, dans l'affaire d'un producteur de musique tabassé (archives).

Quatre policiers ont été suspendus jeudi après le tabassage d’un producteur de musique, documenté par une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux. Cela intervient en pleine polémique sur le droit de filmer les forces de l’ordre en opération.

Cette nouvelle affaire a éclaté à la faveur de la publication par le site Loopsider d’images qui montrent un homme noir, Michel, roué de coups par des fonctionnaires de police dans l’entrée d’un studio de musique du XVIIe arrondissement de la capitale.

 

 

«On m’a dit 'sale nègre' plusieurs fois et en me donnant des coups de poing», a dénoncé la victime en venant porter plainte, avec son avocate, au siège parisien de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). «Je voudrais juste que le travail (de l’IGPN, ndlr) soit fait», a-t-il dit au sortir de sa déposition. «Je n’ai aucun doute là-dessus», a-t-il ajouté.

Sitôt les images diffusées sur les réseaux sociaux, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a demandé au préfet de police de Paris Didier Lallement de suspendre les policiers concernés.

Trois premiers ont d’abord été suspendus. Puis un quatrième, arrivé en renfort et soupçonné d’avoir lancé une grenade lacrymogène dans le studio de musique, a à son tour été suspendu, a indiqué dans la soirée à l’AFP une source proche du dossier.

«Révocation»

Invité du 20h00 de France 2, M. Darmanin a annoncé qu’il demanderait «la révocation» des policiers, «dès que les faits seront établis par la justice». Il les a accusés d’avoir «sali l’uniforme de la République». Interrogé sur une éventuelle démission du préfet de police de Paris, Didier Lallement, le ministre a dit souhaiter qu’il continue «d’exercer ses fonctions».

A lire aussi : France: trois policiers renvoyés devant une cour d’assises dans l’affaire Théo

Gérald Darmanin a été reçu par le président Emmanuel Macron jeudi après midi, selon une source gouvernementale. Interrogé, l’Elysée a seulement indiqué que le président suit la situation de près. Plusieurs proches du président de la République ont exprimé sur Twitter leur indignation après le passage à tabac du producteur.

Dans une rare déclaration publique, le procureur de Paris Rémy Heitz a souhaité que l’IGPN, saisie du dossier, enquête «le plus rapidement possible».

Matraque

Selon leur procès-verbal consulté par l’AFP, les trois policiers suspendus sont intervenus samedi dernier pour tenter d’interpeller Michel pour défaut de port du masque. «Alors que nous tentons de l’intercepter, il nous entraîne de force dans le bâtiment», écrivent-ils.

Sur les images de vidéosurveillance de ce studio, on voit les trois fonctionnaires de police entrer dans le local en agrippant l’homme puis le frapper à coups de poing, de pied ou de matraque. Dans leur rapport, les policiers ont écrit que l’homme les avait frappés.

Selon ces mêmes images, Michel résiste en refusant de se laisser embarquer, puis tente de se protéger le visage et le corps. Il ne semble pas porter de coups. La scène dure cinq minutes.

Si nous n’avions pas les vidéos, mon client serait peut-être actuellement en prison
Me Hafida El Ali, avocate de Michel

Dans un second temps, des personnes qui se trouvaient dans le sous-sol du studio parviennent à rejoindre l’entrée, provoquant le repli des policiers à l’extérieur et la fermeture de la porte du studio. Les policiers tentent ensuite de forcer la porte et jettent à l’intérieur du studio une grenade lacrymogène.

Suite à cette interpellation, l’homme a dans un premier temps été placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête ouverte pour «violences sur personne dépositaire de l’autorité publique» et «rébellion». Mais le parquet de Paris a classé cette enquête et ouvert mardi une nouvelle procédure cette fois pour «violences par personnes dépositaires de l’autorité publique» et «faux en écriture publique».

«Si nous n’avions pas les vidéos, mon client serait peut-être actuellement en prison», a dit à l’AFP, Me Hafida El Ali, avocate de Michel.

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