Votre publicité ici avec IMPACT_medias

France: Manuel Valls veut faire taire Dieudonné

Dieudonné, qualifié de "raciste et antisémite" par Manuel Valls, verra ses spectacles évalués par les préfets français, qui auront la possibilité de les interdire.

28 déc. 2013, 12:24
La ville de Marseille a déjà annoncé vendredi qu'elle allait demander au préfet des Bouches-du-Rhône l'interdiction du spectacle prévu le 2 février.

Les préfets seront chargés d'apprécier si chaque spectacle en France de Dieudonné, qualifié de "raciste et antisémite" par le ministre de l'Intérieur, peut être interdit. Manuel Valls entend "casser la mécanique de la haine" de l'humoriste controversé.

Manuel Valls, qui a annoncé vendredi étudier les possibilités juridiques pour faire taire Dieudonné M'Bala M'Bala en raison de "risques de troubles à l'ordre public", a estimé samedi dans une interview au journal "Le Parisien" qu'il fallait agir rapidement.

"Les événements de ces derniers jours montrent qu'un seuil a été franchi et que le risque existe", déclare le ministre. "Je vais donc adresser une instruction aux préfets. A l'occasion de chaque spectacle, ils devront apprécier si le risque de trouble est caractérisé et justifie d'interdire la représentation", a-t-il dit.

Le ministre français de l'Intérieur explique toutefois qu'arriver à l'interdiction, une initiative saluée par les institutions juives et antiracistes de France, "peut prendre du temps". "Mais nous ferons tout pour y arriver, car il faut en finir avec l'impunité et la complaisance auxquelles Dieudonné a eu droit", explique-t-il.

Marseille sévit déjà

La ville de Marseille a déjà annoncé vendredi qu'elle allait demander au préfet des Bouches-du-Rhône l'interdiction du spectacle prévu le 2 février. Les autorités préfectorales de Paris devront, quant à elles, se pencher sur les spectacles que l'humoriste donne presque chaque soir dans son théâtre parisien de la Main d'Or.

Le vice-président du Front national, Forian Philippot, a apporté son soutien implicite à Dieudonné en qualifiant de "dérive" la limitation de la liberté d'expression. Pour M. Valls, si la liberté d'expression est "sacrée", "le racisme et l'antisémitisme sont des délits" et il faut, selon lui, "casser cette mécanique de la haine".

Une "nouvelle limite, extrêmement grave, a été franchie" en décembre lorsque Dieudonné s'en est pris à des journalistes juifs, a-t-il souligné dans "Le Parisien". Il fait notamment référence à un reportage filmé en caméra cachée dans le théâtre de Dieudonné et diffusé mi-décembre sur France 2, où l'on voit l'humoriste prendre pour cible le présentateur de la radio France Inter, Patrick Cohen.

"Moi, tu vois, quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz, dommage", a-t-il dit.

"La quenelle" fait des émules

Me Sanjay Mirabeau, avocat de Dieudonné, a déclaré de son côté ne pas voir ce qui dans les spectacles de son client pourrait "prêter à une interdiction en raison d'un trouble à l'ordre public".

"Pour nous, il n'y a aucune voie juridique qui permette à un ministre de l'Intérieur, à un homme seul, d'interdire à un humoriste de se mettre en scène et de faire des spectacles", a-t-il déclaré vendredi sur la chaîne de télévision i>Télé.

Dieudonné est également à l'origine de la "quenelle", un geste qui se propage de manière virale sur internet. Pour les associations juives, ce bras tendu vers le bas, la main de l'autre bras étant portée à l'épaule, n'est rien d'autre qu'un salut nazi déguisé, ce que Dieudonné conteste.

M. Valls a estimé qu'il n'y avait "aucun doute" sur le caractère antisémite de ce geste depuis que l'essayiste d'extrême droite Alain Soral, un soutien de Dieudonné, l'a exécuté devant le mémorial de la Shoah à Berlin.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias