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"Fake news": un prétexte pour censurer les médias, s'inquiète Reporters Sans Frontières

Ses déclarations sur les "fake news" et les actes récents de Donald Trump face à la presse confortent et encouragent ceux qui veulent museler les médias, constate RSF.

17 mars 2017, 13:10
Mi-février, Donald Trump déclarait en conférence de presse que "la presse est hors de contrôle, le niveau de malhonnêteté est hors de contrôle".

Les récentes déclarations du président américain Donald Trump sur les "informations bidons" ("fake news") fait le jeu de ceux qui veulent museler la presse, s'alarme Reporters sans frontières (RSF). L'organisation liste plusieurs exemples de cette "tendance dangereuse" dans le monde.

Nombreux sont les "prédateurs de la liberté de la presse" à avoir vu dans les attaques de M. Trump "une occasion inespérée de justifier leur politique répressive à l'encontre des médias", avertit vendredi RSF dans un communiqué.

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"Bien-sûr, il est plus que jamais nécessaire pour l'internaute de démêler le vrai du faux dans l'information qui s'offre à lui. Mais la lutte contre les fausses nouvelles doit passer par la promotion d'un journalisme libre et indépendant, vecteur d'une information fiable, de qualité", estime le secrétaire général de RSF Christophe Deloire, cité dans le communiqué.

Mi-février, Donald Trump déclarait en conférence de presse que "la presse est hors de contrôle, le niveau de malhonnêteté est hors de contrôle". "En tirant ainsi sur les journalistes, le président américain a mis un terme à la longue tradition américaine de lutte pour la liberté d'expression et envoyé un message terrible à ceux qui censurent les médias", note l'ONG.

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Sanctions disproportionnées

Et l'organisation de mentionner les pressions sur les médias qui ont cours et se développent dans plusieurs pays à travers le monde. En Russie, l'autorité de régulation des télécommunications prépare par exemple un projet de décret qui prévoit "le blocage pur et simple de tout contenu présentant des informations fausses", relève RSF.

L'Afrique subsaharienne n'est pas non plus épargnée, notamment la Côte d'Ivoire, Madagascar ou la Somalie. "Certaines lois prévoient des pénalités très lourdes, sans prendre en compte l'intentionnalité des journalistes, qui se sont parfois seulement trompés", pointe l'organisation, relevant "une disproportion entre l'information, même si elle peut être fausse, et la sanction".

Le contrôle de l'information est "un enjeu pour des pouvoirs qui tentent d'imposer leur narration des événements". L'ONG cite entre autres la volonté gouvernementale d'instaurer un système de contrôle sur les médias en ligne en Afrique du Sud, la catégorisation des informations en "pour ou contre le régime" faite au Burundi, ou encore les accusations de propager de fausses informations dès qu'elles sont critiques ou dérangent le pouvoir en Egypte.

France et Italie critiquées

L'utilisation de la notion de "fausses nouvelles" pour faire taire les critiques des médias n'est pas l'apanage des régimes autoritaires ou des pays connus pour leurs atteintes à la liberté de la presse, souligne RSF. En France, le parti d'extrême droite du Front national (FN) a plusieurs fois utilisé ce registre pour pointer du doigt le travail des journalistes.

En Italie, le leader du Mouvement 5 Etoiles Beppe Grillo a appelé à la mise en place d'un jury populaire constitué au hasard afin de déterminer la véracité des informations publiées par les journalistes, après avoir accusé début janvier ces derniers de produire de fausses informations visant à nuire à son parti.

Dans ce contexte, RSF se félicite que l'ONU recommande de lutter contre les fausses nouvelles par la promotion d'informations fiables. Une déclaration conjointe portant sur la liberté d'expression, les fausses nouvelles, la désinformation et la propagande a été adoptée début mars avec l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, l'organisation des Etats américains et la Commission africaine des droits de l'Homme et des Peuples.

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