Un calme faussement serein plane sur le campus de l’Université du Bosphore. A l’ombre des bosquets qui dominent le détroit du même nom, «l’Oxford d’Istanbul» vit des jours agités. C’est ici, au cœur de cet antre du savoir, connu pour être un bastion anti-Erdogan, qu’une chasse aux étudiants contestataires est en cours depuis plus de dix jours.
«On nous accuse de «terrorisme», alors qu’on ne faisait qu’exercer notre droit à la critique!», peste Tilbe Akan, 23 ans. L’étudiante en littérature étrangère a le cœur gros: brièvement arrêtée, jeudi 22 mars, elle passe ses journées l’oreille collée au téléphone, dans l’espoir de faire libérer ses amis embastillés.
«Echanges assez vifs»
«Tout a commencé, le lundi 19 mars, par un simple incident», raconte-t-elle, attablée à un café de la place Taksim, à l’ombre des regards policiers. «Ce jour-là, des étudiants islamistes avaient installé un stand pour distribuer des sucreries turques, qu’ils...