Votre publicité ici avec IMPACT_medias

Egypte: pour François Hollande, la lutte contre le terrorisme doit être conforme aux droits de l'homme

Lors de sa visite en Egypte, François Hollande n'a cessé d'invoquer le respect des droits de l'homme. Cette prédominance a quelque peu irrité Abdel Fattah al-Sissi, qui estime que l'Egypte est ébranlée par des forces diaboliques visant à affaiblir la police et la justice locale.

18 avr. 2016, 07:49
François Holland n'a cessé de répéter l'importance du respect des droits de l'homme lors de sa visite en Egypte.

Le président français François Hollande a estimé dimanche que la lutte contre le terrorisme devait respecter les droits de l'homme lors d'une visite en Egypte. La prédominance de ce sujet a manifestement irrité son homologue Abdel Fattah al-Sissi.

Le Caire était la deuxième étape d'une tournée de M. Hollande au Moyen-Orient après le Liban et avant la Jordanie. Il y affirmait son soutien au président Sissi qui dirige le pays d'une main de fer, mais aussi pour signer près d'une vingtaine de contrats ou de protocoles d'entente dans les transports urbains et les énergies renouvelables notamment.

 

 

Son entourage avait assuré que les droits de l'homme seraient évoqués "de manière discrète et efficace" au Caire. Le sujet a néanmoins occupé la quasi-totalité de la conférence de presse d'un Sissi visiblement courroucé par les questions de journalistes français.

"Liberté de la presse"

Lutter contre le terrorisme "suppose de la fermeté mais aussi un Etat, et un état de droit, c'est le sens de ce que la France évoque quand elle parle des droits de l'homme. Les droits de l'homme, ce n'est pas une contrainte, c'est aussi une façon de lutter contre le terrorisme", a déclaré M. Hollande.

"Nous avons évoqué avec le président Sissi les droits de l'homme, y compris les sujets les plus sensibles", comme les cas "du Français Eric Lang et de l'Italien Giulio Regeni", a continué M. Hollande. Il a invoqué la nécessaire "liberté de la presse et la liberté d'expression".

Eric Lang est un Français arrêté en 2013 au Caire par la police. Il a été battu à mort dans sa cellule "par des co-détenus", selon le parquet général du Caire.

Giulio Regeni est un étudiant italien enlevé dans la capitale égyptienne le 25 janvier et retrouvé mort neuf jours plus tard dans un fossé, le corps portant les stigmates d'épouvantables tortures. La presse italienne et des diplomates assurent qu'il a été tué par des membres de services de sécurité, ce que l'Egypte nie avec véhémence.

"Silence assourdissant"

Mercredi à Paris, la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), Amnesty international et Human Rights Watch (HRW) notamment avaient dénoncé le "silence assourdissant" de la France sur la "gravité de la répression contre la société civile, au prix d'une augmentation vertigineuse de la pratique de la torture, des incarcérations abusives, des disparitions forcées et des violences".

Depuis que M. Sissi, alors chef de l'armée, a destitué et fait arrêter en juillet 2013 le président islamiste Mohamed Morsi, premier chef de l'Etat démocratiquement élu en Egypte, son régime réprime dans le sang les Frères musulmans de Morsi. Il musèle aussi l'opposition laïque et libérale.

Dans les semaines qui ont suivi la destitution, plus de 1400 manifestants pro-Morsi ont été tués dans les rues. Plus de 40'000 personnes ont été emprisonnées et des centaines, dont M. Morsi, condamnées à mort dans des procès de masse expéditifs qualifiés par l'ONU de "sans précédent dans l'Histoire récente" du monde.

"Région très perturbée"

"La région dans laquelle nous vivons est une région très perturbée, monsieur le président Hollande. Les normes en Europe, qui est au sommet du progrès et de la civilisation, ne peuvent prévaloir dans la situation que vit notre région, notamment l'Egypte", a commenté sèchement M. Sissi. "Nous sommes confrontés à des forces diaboliques qui essaient d'ébranler l'Egypte (...) par des accusations visant à affaiblir la police et la justice".

Votre publicité ici avec IMPACT_medias