Dans la tourmente après sa décision de fermer les frontières aux ressortissants de sept pays musulmans, le président américain Donald Trump a cherché lundi à reprendre la main et a défendu son initiative. Le décret signé vendredi a été dénoncé par plusieurs chefs d'Etat, l'ONU, mais aussi désormais par une partie du monde des affaires.
Dans une longue salve de tweets matinaux, le président républicain a mis en cause, pêle-mêle, une défaillance informatique au sein de la compagnie aérienne Delta, les manifestations ou encore les réactions faussement outrées selon lui de nombre d'élus du Congrès américain.
Only 109 people out of 325,000 were detained and held for questioning. Big problems at airports were caused by Delta computer outage,.....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 30 janvier 2017
"Tout se passe bien avec très peu de problèmes", a-t-il affirmé, contre toute évidence, citant le secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly. Accusé d'avoir lancé cette initiative dans la précipitation, il a défendu son approche: "Si l'interdiction avait été annoncée une semaine à l'avance, les 'méchants' se seraient précipités dans notre pays".
If the ban were announced with a one week notice, the "bad" would rush into our country during that week. A lot of bad "dudes" out there!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 30 janvier 2017
Visiblement désireux d'attirer l'attention médiatique sur un sujet plus consensuel au sein de son propre camp, l'homme d'affaires septuagénaire a décidé d'accélérer l'annonce de son candidat pour occuper le neuvième siège de magistrat à la Cour suprême. Elle aura désormais lieu mardi, au lieu de jeudi.
I have made my decision on who I will nominate for The United States Supreme Court. It will be announced live on Tuesday at 8:00 P.M. (W.H.)
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 30 janvier 2017
Constitutionnalité à trancher
Le décret signé vendredi par Donald Trump interdit l'entrée à tous les réfugiés, quelle que soit leur origine, pendant 120 jours (et de façon indéfinie pour les réfugiés syriens). Il l'interdit aussi pendant 90 jours aux ressortissants de sept pays à majorité musulmane considérés comme des viviers terroristes par Washington: Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen.
Son application confuse a entraîné des scènes de détresse dans des aéroports américains et étrangers avec des personnes bloquées ou refoulées. Elle a déclenché en ce début de semaine une série d'explications entre plusieurs pays et Washington.
Face à la levée de boucliers, l'administration a mis un peu d'eau dans son vin en particulier sur les détenteurs d'un permis de résident permanent, la fameuse carte verte, mais aussi sur les ressortissants des sept pays visés qui ont une double nationalité.
A la suite de l'intervention samedi soir d'une juge fédérale de Brooklyn, plusieurs personnes arrêtées à leur arrivée aux Etats-Unis en dépit de visas valides ont été autorisées à entrer sur le territoire. Mais la constitutionnalité du décret n'a pas été tranchée et celui-ci reste en vigueur.
Immigration : "sit-in" géant anti-Trump à l'aéroport de San Francisco >> https://t.co/1xutYnP5do pic.twitter.com/hOSgigJkHE
— Les Echos (@LesEchos) 30 janvier 2017
Goldman Sachs aux avant-postes
Aux Etats-Unis, la mobilisation, du monde politique au monde des affaires, ne montrait elle non plus aucun signe d'essoufflement. Goldman Sachs, l'une des plus puissantes banques d'affaires au monde, dont d'anciens dirigeants ont été nommés à des postes influents au sein de l'administration Trump, a critiqué à son tour lundi le décret, affirmant ne pas soutenir une telle politique.