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Crise migratoire: que se passe-t-il à la frontière turco-grecque? Nos explications

Depuis le début du mois, des milliers de migrants attendent à la frontière turco-grecque, dans des conditions souvent très difficiles. Mais pourquoi sont-ils là et quelles sont les positions de la Grèce, de la Turquie et de l’UE? Nos réponses en quatre points.

10 mars 2020, 11:15
Depuis plus d'une semaine, des milliers de migrants attendent à la frontière turco-grecque.

Quelle est l’origine de cette crise migratoire en Grèce?

Le 28 février dernier, la Turquie a décidé de laisser ouvertes ses frontières avec l’Europe, pour permettre aux migrants de passer. Le président Recep Tayyip Erdogan a pris cette décision parce qu’il reproche à l’Union européenne de ne pas suffisamment aider Ankara à porter le fardeau de la migration. Il cherche aussi à obtenir un appui occidental contre le régime syrien auquel il a promis de «faire payer le prix» de ses attaques contre les militaires turcs.

 

 

Ainsi, pour saisir leur chance, des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont afflué vers Pazarkule, le poste-frontière turc qui donne l’accès à l’Europe. Mais la frontière grecque, elle, reste fermée. Des milliers de personnes attendent donc depuis plus d’une semaine dans des abris de fortune, dans des conditions très difficiles.

Quelle est la situation à la frontière turco-grecque?

Depuis la décision de la Turquie, la Grèce a empêché des milliers de migrants d’entrer «illégalement» sur le territoire grec, et donc en Europe. La situation depuis plusieurs jours est donc particulièrement tendue, notamment avec des échauffourées entre policiers grecs tirant des grenades lacrymogènes et migrants jetant des pierres. Une situation préoccupante pour l’Europe qui redoute une nouvelle crise migratoire majeure semblable à celle de 2015.

De son côté, la Turquie a déployé des policiers pour «empêcher» Athènes de repousser les migrants qui essaient de franchir un fleuve frontalier. Au cours de ces derniers jours, Ankara et Athènes échangent continuellement des accusations concernant les migrants, les Turcs parlant de la brutalité des Grecs à l’encontre des migrants, les Grecs accusant la Turquie de les pousser et même de les aider à l’émigration vers la Grèce.

 

 

Le gouvernorat d’Edirne (nord-ouest de la Turquie) a affirmé dans un communiqué que six migrants qui tentaient de traverser à Pazarkule avaient été blessés par des tirs grecs. L’un d’eux a succombé à ses blessures à la poitrine, selon cette source.

Un photographe de l’AFP a vu un migrant blessé à la jambe par des tirs en provenance du côté grec. Un autre reporter de l’AFP a vu deux migrants dans un hôpital turc non loin, dont l’un présentait une plaie au tibia saignant abondamment.

Athènes, qui accuse Ankara de propager de «fausses informations», a «catégoriquement démenti» et affirmé que des policiers turcs avaient tiré des grenades lacrymogènes contre les policiers grecs à Pazarkule.

Quelle est la réaction de l’Union européenne?

Venu lundi à Bruxelles, le président turc Recep Tayyip Erdogan souhaite que ses partenaires occidentaux fassent davantage pour aider son pays dans le conflit en Syrie et pour faire face aux millions de réfugiés engendrés par les combats. De leur côté, les dirigeants de l’UE l’ont exhorté à respecter les termes d’un accord visant à éloigner les migrants des frontières européennes. Aucune décision concrète n’a été prise à l’issue de cette rencontre, mais les deux parties sont prêtes à relancer le dialogue. 

 

 

Depuis Berlin, le gouvernement allemand a annoncé qu’une coalition de pays «volontaires» (dont, outre l’Allemagne, la France, le Portugal, le Luxembourg et la Finlande) de l’UE envisage de prendre en charge jusqu’à 1500 enfants migrants bloqués sur les îles grecques.

Et la Suisse, dans tout ça?

Le Conseil fédéral s’est dit préoccupé par la situation des migrants à la frontière entre la Grèce et la Turquie. La Suisse pourrait également accueillir des jeunes mineurs actuellement en Grèce dans le cadre du système de Dublin, à condition qu’ils aient des liens de parenté en Suisse. La Grèce a déjà déposé plusieurs demandes en ce sens, validées par le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM).

Il n’est pour l’heure pas possible de prévoir si un nouveau mouvement migratoire pourrait conduire à la réintroduction temporaire des contrôles à la frontière suisse. Il n’y a pour l’instant pas de menace pour l’ordre public ou pour la sécurité intérieure.

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