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Crimes contre l'humanité présumés de 41 responsables sud-soudanais

Une commission de l'ONU demande la poursuite de plus de 40 dirigeants militaires sud-soudanais pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

23 févr. 2018, 10:18
/ Màj. le 23 févr. 2018 à 12:50
Des victimes "ont été mutilées et violées de manière collective, souvent par 1000 hommes sinon plus", a déclaré devant la presse Andrew Clapham.

Un total de 41 hauts responsables sud-soudanais doivent être poursuivis pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, selon une commission de l'ONU. Le Genevois Andrew Clapham, membre de cet organe, a ciblé vendredi des violences sexuelles et ethniques massives.

Des victimes, dont une femme de 85 ans, "ont été mutilées et violées de manière collective, souvent par plus d'une dizaine d'hommes ou plus", a-t-il dit devant la presse. Des proches ont été parfois forcés à regarder.

"Des enfants ont été contraints de participer aux viols", a affirmé le Genevois. Ils constituent 25% des personnes touchées.

En l'absence de rémunérations, les violences sexuelles font parfois office de salaire pour les militaires, affirme M. Clapham. Et la prévalence de ces abus contre des hommes semble "plus élevée" que les cas qui ont pu être confirmés, dit le seul Suisse membre d'une commission d'enquête indépendante de l'ONU.

D'autres types de violences massives sont détaillés. Des personnes âgées, incapables de fuir, ont notamment été amputées ou brûlées vives. Sans parler d'enlèvements, de pillages et de destruction de villages.

Gouvernement visé

Le professeur genevois dénonce une volonté d'"intimidation" pour forcer la population à retirer son soutien à l'autre partie au conflit ou à fuir.

Le rapport de la Commission des droits de l'homme sur le Soudan du Sud est le premier depuis que l'organe a été mandaté par le Conseil des droits de l'homme pour rassembler des preuves exploitables par un procureur. Il a été établi sur la base de 230 témoignages et 58'000 documents.

SPLA mise en cause

Les forces gouvernementales sud-soudanaises (SPLA) sont mises en cause dans la majorité des cas, mais celles des opposants sont également ciblées. Parmi les 41 noms, la quasi totalité porte sur des officiers supérieurs et trois sur des gouverneurs. D'autres individus pourraient encore être ajoutés.

Pour des raisons de confidentialité et pour ne pas gêner d'éventuelles poursuites, le professeur genevois n'a pas pu préciser si le président Salva Kiir ou le chef rebelle et ancien vice-président Riek Machar font partie des personnes visées.

La liste des 41 noms a été remise au Haut commissaire aux droits de l'homme Zeid Raad al-Hussein. Elle le sera également au procureur de la cour hybride entre le Soudan du Sud et l'Union africaine (UA), prévue par les accords de paix de 2015, lorsque celle-ci aura été constituée.

CPI pour les doubles nationaux

La commission appelle d'ailleurs à nouveau, comme elle l'a fait régulièrement, à l'établissement dans les prochains mois de cette juridiction. Il faudra aussi décider où elle se trouvera. Dans un premier temps, la commission estime préférable de la lancer en dehors du pays.

Je suis convaincu que l'UA est sérieusement pour une mise en place rapide, a dit M. Clapham. Des avancées récentes ont eu lieu, notamment dans le cadre de la relance d'efforts de paix, et si la déclaration d'intention est "signée encore ce mois-ci", le procureur devrait pouvoir se mettre au travail.

M. Clapham salue le courage de ceux qui ont témoigné pour la commission. Il appelle les pays où des responsables pourraient s'être réfugiés à se saisir de ces cas.

Autre possibilité, la Cour pénale internationale (CPI) pourrait se pencher sur les dossiers concernant des doubles nationaux dont l'autre pays serait partie au statut qui la régit. Le Conseil de sécurité doit aussi décider s'il veut activer lui-même des investigations de cette juridiction.

Pas d'élections pour d'éventuels inculpés

Aucune personne poursuivie ne pourra se présenter aux élections que le gouvernement souhaite organiser en 2018, un calendrier que la présidente de la commission Yasmin Sooka a récemment considéré comme irréaliste.

L'organe indépendant demande notamment au gouvernement d'honorer ses obligations nationales et internationales et de mener des investigations sur toutes les accusations. Mais aussi d'établir des mesures pour une réconciliation et déjà un dispositif temporaire de réparations pour les victimes.

Le Soudan du Sud fait par ailleurs face à la catastrophe humanitaire qui s'étend le plus rapidement dans le monde. Depuis 2013, quatre millions de personnes au total ont été déplacées.

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