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Coronavirus: l'Afrique du Sud craint l’explosif cocktail avec le sida

Alors que la population sud-africaine recense aujourd’hui plus de 1700 cas de coronavirus, les experts alertent sur les possibles risques du virus sur les personnes atteintes du sida. La situation inquiète l’Afrique du Sud, qui compte le plus de malades du VIH dans le monde.

09 avr. 2020, 08:01
Si le coronavirus s'installe actuellement en Afrique du Sud, les scientifiques restent encore prudents sur les risques encourus par les malades du VIH. (illustration)

L’Afrique du Sud compte le plus grand nombre de malades du sida au monde. Alors, en pleine pandémie de coronavirus, le mot d’ordre des médecins du pays est clair: dépistage systématique des séropositifs et traitement obligatoire des malades.

Dès l’apparition des premiers cas de contamination par le Covid-19 en Chine en décembre, des experts ont tiré le signal d’alarme sur les risques éventuels que le virus pourrait faire courir aux malades du sida, au système immunitaire fragilisé.

7,5 millions de séropositifs

Spécialement en Afrique du Sud qui, selon leurs estimations, compte 7,5 millions de séropositifs, dont un tiers ne suivent pas de traitements antirétroviraux parce qu’ils ne connaissent pas leur statut ou refusent de prendre leurs médicaments.

L’épidémie de Covid-19 s’est aujourd’hui installée dans le pays – plus de 1700 cas dont 13 mortels selon les dernières statistiques – mais faute de données suffisantes, les scientifiques restent encore prudents sur les risques encourus par les malades du VIH.

«On ne sait vraiment pas ce qui va se passer», concède dans un entretien avec l’AFP le professeur Anton Stoltz, chef du département des maladies infectieuses à l’université de Pretoria.

«Connaître son statut»

Des extrapolations sont toutefois possibles grâce aux travaux de recherche consacrés aux réactions des personnes séropositives face à d’autres infections virales, ajoutent plusieurs experts contactés par l’AFP. «On sait que les patients séropositifs qui sont sous antirétroviraux répondent à des infections virales comme la grippe de façon similaire à des personnes séronégatives», note le Pr Stoltz.

A l’inverse, les malades du sida non traités par antirétroviraux courent plus de risques de contracter ces infections. «Les séropositifs qui ne connaissent pas leur statut ou non soignés par antirétroviraux pourraient courir des risques plus élevés de contracter le Covid-19», estime la Pr Kogie Naidoo, du Centre pour le programme de recherche du sida en Afrique du Sud (Caprisa).

 

 

Il est donc plus que jamais essentiel de «connaître son statut» sérologique, insiste-t-elle.

«Si le test (au sida) est positif, commencez les antirétroviraux le jour même», conseille la spécialiste. «Et pour ceux qui sont déjà sous antirétroviraux, suivez à la lettre votre traitement, assurez-vous que votre charge virale a été supprimée et que vous êtes costaud pour affronter, le cas échéant, une infection au Covid-19 comme une personne qui n’est pas porteuse du VIH.»

La peur du coronavirus

A la clinique de Witkoppen à Johannesburg, le mot d’ordre est le même en cette période de pandémie: «Faites un test de dépistage du sida et prenez vos antirétroviraux».

 

 

Depuis quelques semaines, «on voit clairement une augmentation du nombre de patients» désireux de reprendre ou entamer leur traitement, témoigne le Dr Jean Bassett. Une dizaine par jour. «Ils viennent à cause du Covid-19. Les gens semblent avoir beaucoup plus peur du Covid-19 que du sida», observe-t-elle.

Sida et tuberculose

Les spécialistes mettent aussi en garde sur la vulnérabilité potentielle, face au Covid-19, des malades de la tuberculose. Sur les quelque 300’000 personnes affectées chaque année par cette maladie en Afrique du Sud, là aussi un des pays au monde les plus touchés, la moitié est séropositive et un quart n’est ni soignée, ni diagnostiquée, selon l’Onusida.

Les symptômes du Covid-19 et de la tuberculose sont très proches, avertit aussi le Pr Kogie Naidoo: fièvre, fatigue et toux. Alors que l’Afrique du Sud entre dans l’hiver austral, propice à l’augmentation des cas de tuberculose, «tout le monde pense Covid-19», met-elle en garde. «Mais il ne faut pas oublier de tester les gens pour la tuberculose», également très contagieuse.euse.

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