Les Etats-Unis font basculer l’Organisation mondiale du commerce (OMC) un peu plus dans la crise. Ils ont annoncé à Genève ne pas rejoindre un consensus pour nommer la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’organisation.
Le président du comité chargé de piloter les négociations a annoncé que celle-ci était «proposée» par la plupart des 164 membres pour succéder à Roberto Azevedo, parti fin août, a dit mercredi à la presse un porte-parole de l’institution. Mme Ngozi reçoit «clairement le plus large soutien».
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Mais toutes les décisions se prennent par consensus à l’OMC. Or, les Etats-Unis ont annoncé ne pas pouvoir rejoindre celui-ci, a ajouté le porte-parole au terme d’une réunion informelle des chefs de délégation.
La prochaine étape sera observée le 9 novembre lors de la prochaine rencontre du Conseil général, organe suprême de l’OMC chargé de valider la nomination des directeurs généraux. Personne ne sait «ce qui peut avoir lieu», ont dit à Keystone-ATS des sources proches des discussions. En théorie, un vote peut être organisé, mais les membres se sont toujours refusés jusqu’à présent à un tel scénario.
Mme Okonjo-Iweala, sexagénaire et ancienne ministre des finances et des affaires étrangères, a œuvré dans plusieurs institutions internationales. Parmi les huit candidats qui s’étaient lancés pour piloter l’organisation, dont le Genevois Hamed Mamdouh, elle restait en lice avec la ministre sud-coréenne du commerce Yoo Myung-hee.
Favorable aux réformes
La Nigériane avait officiellement récolté ces dernières semaines des soutiens de taille, ceux des Etats africains et de l’UE. La Sud-coréenne a pu être prétéritée par le fait que l’Asie a déjà eu un directeur général et que cette région peut s’appuyer sur l’un des sièges d’adjoints. Celui de la Chine qui souhaite le conserver.
Si Mme Okonjo-Iweala venait à être nommée, elle deviendrait la première femme et la première Africaine à diriger l’institution. Elle se présente comme la candidate des réformes, souhaitées par de nombreux membres, et des PME. Elle souhaite aussi notamment que l’OMC œuvre pour faciliter l’accès aux médicaments dans les pays en développement face à la pandémie.
Le blocage de Washington constitue une étape de plus dans ses assauts contre l’institution. Le président Donald Trump a menacé à plusieurs reprises de faire sortir son pays. En bloquant depuis des années le renouvellement des juges du tribunal d’appel de l’organisation, les Etats-Unis avaient provoqué une crise institutionnelle.
Pas de consensus
Depuis le départ de Roberto Azevedo fin août, l’OMC n’a plus de patron étant donné qu’aucun consensus n’a pu être trouvé sur le choix de l’un de ses quatre adjoints. Les Etats-Unis ont cherché à imposer leur ressortissant pour ce mandat provisoire. Aucun délai maximal n’est requis pour trouver le prochain chef de l’institution.
«Le dispositif opérationnel fonctionne sans difficulté» avec les adjoints, avait relevé il y a quelques semaines le porte-parole. «Mais nous avons besoin d’un directeur général pour donner une impulsion à des questions comme les négociations pour éliminer les subventions illégales à la pêche».