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Cinq infos que vous ignorez peut-être sur le prix Nobel de littérature

Glamour et sulfureux: le prix Nobel de littérature sera attribué cette année à deux lauréats, pour 2019 mais aussi pour l’édition 2018, reportée en raison d’un scandale d’agression sexuelle. Voici cinq choses à savoir sur cette récompense de prestige.

09 oct. 2019, 10:42
Les candidats au Nobel de littérature doivent être vivants et - en principe - avoir publié dans l'année.

Le temple des lettres détruit par une affaire d’agression sexuelle en plein cataclysme #MeToo, l’Académie suédoise avait dû réserver le Nobel de littérature 2018: il y aura donc jeudi deux lauréats, dont au moins une lauréate à en croire les oracles. En attendant, petit éclairage sur cette institution sur laquelle le scandale avait jeté une lumière noire.

 

A lire aussi : L’Académie suédoise, touchée par une affaire de harcèlement sexuel, ne décernera pas le prix Nobel de littérature 2018

 

Le mieux doté

L’Académie suédoise décerne 16 prix, dont le plus connu et le mieux doté (actuellement 9 millions de couronnes soit 900’000 francs) est le prix Nobel de littérature. Dans son testament, l’inventeur Alfred Nobel a confié à l’institution suédoise la mission de récompenser chaque année «l’auteur de l’ouvrage littéraire le plus remarquable d’inspiration idéaliste». Quatre à cinq membres (sur 18) sont chargés de recueillir et discuter les propositions de nomination, avant de soumettre une liste de noms à l’ensemble des académiciens.

Un buste d’Alfred Nobel, exposé au Concert Hall lors de la cérémonie de remise du prix Nobel à Stockholm. Keystone

 

La Fondation Nobel qui dote le prix leur a adjoint pour 2019 et 2020 «cinq experts extérieurs», notamment des critiques, des éditeurs et des auteurs. Les propositions sont ensuite discutées par l’ensemble des membres de l’Académie avant un vote à la majorité absolue.

 

350 propositions par an

Les archives de l’Académie suédoise regorgent de courriers des plus grands noms des lettres et de l’édition réclamant plus ou moins subtilement l’attention des académiciens. Chaque année, elle reçoit quelque 350 propositions écrites de candidatures émanant d’anciens lauréats, académiciens, organisations et autres professeurs du milieu littéraire et linguistique.

 

 

Chacun fait valoir les atouts de son favori, quitte à glisser une offrande à l’attention des académiciens… un présent souvent mal perçu. Pour être valables, les candidatures doivent être renouvelées tous les ans et parvenir avant le 1er février. Les candidats, eux, doivent être vivants et – en principe – avoir publié dans l’année.

 

Sept années blanches et un refus

Le palmarès du Nobel de littérature compte 114 lauréats, dont 14 femmes seulement. La liste, d’un total de 110 attributions, comprend quatre doubles attributions.

Il a été refusé une fois, en 1964. Le philosophe français Jean-Paul Sartre avait alors décliné la récompense, une décision inédite et surtout non prévue dans le testament Nobel. Il reste donc à ce jour lauréat, sans avoir jamais touché l’argent du prix.

L’écrivain et philosophe français Jean-Paul Sartre assis à son bureau à Paris le 28 novembre 1948. Keystone archives

 

En 1958, Boris Pasternak avait été contraint de refuser le prix sous la pression du gouvernement soviétique.

Le Nobel de littérature n’a pas non plus été décerné à sept reprises depuis 1901, principalement en temps de guerre: en 1914 et 1918, en 1935 puis 1940, 1941, 1942 et 1943.

 

Littérature française aux avant-postes

Au palmarès par pays la France reste en tête, avec 15 lauréats, dont le premier, en 1901, le poète Sully Prudhomme. Viennent ensuite les Etats-Unis et le Royaume-Uni, avec 12 récompenses chacun. La langue de Molière est en revanche détrônée par celle de Shakespeare, avec 29 auteurs anglophones primés.

Sully Prudhomme dans les années 1880. DR/Wikipedia

 

Deux écrivains suisses ont été primés: Carl Spitteler en 1919 et Hermann Hesse en 1946. Tous deux écrivaient en allemand qui est par ailleurs la troisième langue la plus représentée.

 

L’affaire Salman Rushdie

Au nom de «l’indépendance de la littérature», les académiciens s’étaient abstenus de prendre position en 1989 sur l’affaire Salman Rushdie, auteur britannique des «Versets sataniques» honni des islamistes. Ils s’étaient déchirés entre tenants d’un soutien franc à l’écrivain et garants de la neutralité du cénacle.

L’auteur Salman Rushdie brandit un exemplaire de son livre controversé «The Satanic Verses» lors d’une conférence de presse en 1992 à Arlington (Virginie). Keystone archives

 

Trois des membres de l’Académie suédoise indignés par son silence en avaient quitté les bancs, sans cependant être autorisés à démissionner. Il aura fallu près de trois décennies pour que l’Académie dénonce en 2016 la fatwa visant l’écrivain.

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