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Catalogne: les indépendantistes majoritaires, le parti unioniste en tête des suffrages

Avec 70 sièges sur 135, les trois formations indépendantistes ont retrouvé jeudi soir la majorité absolue au Parlement catalan. Un défi majeur pour le gouvernement de Mariano Rajoy.

22 déc. 2017, 06:47
Le dirigeant séparatiste catalan en exil Carles Puigdemont a salué à Bruxelles la victoire du camp indépendantiste.

En égalant quasiment leur dernier score aux élections régionales, les indépendantistes catalans posent un défi majeur à l'unité de l'Espagne et au gouvernement de Mariano Rajoy. Ce dernier tablait sur le scrutin pour les affaiblir.

Les Catalans ont accordé jeudi 47,6% des voix aux indépendantistes et près de 52% des suffrages aux partis défendant l'unité de l'Espagne. Ils ont par ailleurs battu avec près de 82% de votants le record historique de participation dans la région.

La loi électorale catalane prévoit un système de pondération des voix qui avantage les provinces rurales, où les indépendantistes sont très implantés, d'où leur victoire en sièges au parlement régional. Les trois partis indépendantistes obtiennent 70 élus sur 135, deux de moins qu'en 2015, mais toujours deux de plus que la majorité absolue. Ils pourront donc gouverner s'ils arrivent à former une coalition.

Au sein des sécessionnistes, la liste Junts Per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne) du président catalan destitué Carles Puigdemont conserve sa position de principale force indépendantiste avec 34 sièges. Le parti unioniste Ciudadanos (Citoyens), arrivé en tête des suffrages, a obtenu 37 sièges. Mais les autres forces unionistes ont fait de piètres scores. Le Parti populaire (PP) du chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy n'a obtenu que trois sièges.

 

Inès Arrimadas, dirigeante du parti anti-indépendantiste catalan Ciudadanos rappelle que les Catalans opposés à la sécession ont démontré qu'ils étaient plus nombreux. Elle a assuré que les séparatistes "ne pourront plus jamais parler au nom de toute la Catalogne". Keystone

 

En organisant ce scrutin jeudi, Mariano Rajoy avait espéré que la "majorité silencieuse" porterait un coup décisif au mouvement séparatiste. Les élections étaient donc devenues un référendum de facto pour ou contre les indépendantistes.

 

 

Les deux camps victorieux

"La République catalane a gagné" sur l'Etat espagnol, a déclaré Carles Puigdemont de Bruxelles, où il a décidé de s'exiler après sa destitution et celle de son gouvernement par Madrid fin octobre, après la déclaration unilatérale d'indépendance du Parlement de Barcelone. Ou le chef du gouvernement "change de recette ou nous changeons de pays", a-t-il encore affirmé dans un discours retransmis à la télévision.

La victoire semble toutefois plus nuancée. Juste après l'annonce des résultats, un électeur indépendantiste de gauche évoquait ainsi "une sensation étrange": "Nous gagnons en députés mais pas en nombre de voix", disait Fran Robles, médecin de 26 ans. "Donc chaque camp pourra se proclamer vainqueur. Cela reflète bien la réalité, qui est que la Catalogne est politiquement divisée et que la seule façon de trancher la question est de la poser clairement dans un référendum".

Les Catalans partisans de l'Espagne ont fait entendre leur voix, puisque c'est Ciudadanos le parti libéral et anti-indépendantiste qui a obtenu le plus grand nombre de sièges au parlement. "Les partis nationalistes ne pourront plus jamais parler au nom de toute la Catalogne, car la Catalogne c'est nous tous", a martelé sa dirigeante catalane, Inès Arrimadas.

Il va bien falloir qu'à Madrid "ils cèdent sur des choses qui leurs déplaisent. S'asseoir et dialoguer", résume le sociologue Narciso Michavila, dirigeant d'un institut de sondages à Madrid. Mais les indépendantistes devront mettre de l'eau dans leur vin pour stopper la dégringolade du tourisme et des investissements depuis début octobre, ajoute-t-il.

Prises de parole dans la matinée

Pour la suite, Mariano Rajoy a prévu d'annuler la mise sous administration directe imposée à la Catalogne quel que soit le résultat du scrutin, mais a indiqué qu'il pourrait l'instaurer à nouveau si le nouveau gouvernement catalan recherche l'indépendance de façon illégale.

De son côté Carles Puigdemont avait déclaré le 12 décembre qu'il reviendrait en Espagne s'il pouvait être investi président. Vendredi matin, il devrait en dire plus lors d'une conférence de presse prévue vers 10h30 à Bruxelles. Mariano Rajoy, silencieux jeudi soir, pourrait s'exprimer dans l'après-midi après une réunion avec son Parti populaire.

La position de l'UE sur la Catalogne "ne changera pas", a réagi en milieu de nuit le porte-parole de la Commission européenne. S'agissant d'une élection régionale, nous n'avons pas de commentaire à faire", a ainsi indiqué Alexandre Winterstein.

Le scrutin s'est déroulé sans incident malgré des semaines de tension, par une journée froide mais ensoleillée.

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