Le Canadien Luka Rocco Magnotta, accusé d'avoir tué et dépecé un étudiant chinois en 2012, a plaidé non coupable lundi à l'ouverture de son procès. Le juge a cependant indiqué que l'accusé avait reconnu "les faits" reprochés lors de l'enquête.
L'enjeu de ce procès, prévu pour durer tout l'automne, va donc être d'établir si oui on non cet ancien acteur porno a agi avec "l'état d'esprit requis" pour être considéré comme maître de ses actes, a expliqué le juge Guy Cournoyer aux 12 jurés.
Les débats ont débuté avec l'exposé de la preuve par l'avocat de la Couronne (ministère public), Louis Bouthillier. Il a notamment demandé au juge Guy Cournoyer de ne pas encourager les jurés à envisager la relaxe pour "troubles mentaux", une requête qualifiée de "surprenante" par le magistrat.
M. Cournoyer a indiqué en préalable aux plaidoiries que l'accusé de 32 ans avait "reconnu les faits" lors de l'investigation menée en vue du procès.
La partie civile s'est rendue jusqu'en Europe lors d'une commission rogatoire tenue au printemps dernier. Ils ont entendu des témoins de la fuite rocambolesque de Luka Rocco Magnotta en France et en Allemagne.
Envoyé des morceaux à Stephen Harper
Cette affaire criminelle est l'une des plus retentissantes et des plus sordides de l'histoire du Canada. Luka Magnotta est accusé d'avoir tué chez lui avec un pic à glace son ancien petit ami Lin Jun, en mai 2012.
Il est également poursuivi pour outrage à cadavre, diffusion de matériel obscène et harcèlement vis-à-vis du Premier ministre canadien Stephen Harper et de plusieurs députés: il avait découpé le corps et posté une vidéo des faits sur internet.
L'homme avait poussé le sordide jusqu'à envoyer par courrier des morceaux du cadavre au chef du gouvernement et siège du Parti conservateur et à celui du Parti libéral. L'homme s'était ensuite enfui vers Paris et Berlin, où il avait été arrêté le 4 juin 2012 dans un cybercafé, avant d'être rapidement extradé au Canada.
Devant jury
M. Magnotta a plaidé, d'une faible voie aigüe, "non-coupable" à chacun des cinq chefs d'accusations qui pèsent contre lui, pour lesquels il est passible de l'emprisonnement à vie.
Placé dans une cellule vitrée pour toute la durée du procès, l'accusé est arrivé au tribunal vers 09h30 locale (15h30 en Suisse). La petite salle d'audience étriquée ne peut accueillir que 13 spectateurs: cinq personnes du public, cinq journalistes et trois membres de la famille de Lin Jun, l'étudiant chinois assassiné.
La famille de Lin Jun assiste aux audiences. Elle devrait tenir une conférence de presse lundi après-midi, selon leur avocat.