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Brésil: le ministre le plus populaire de Jair Bolsonaro claque la porte

Alors qu’il est considéré comme étant le ministre le plus populaire du gouvernement du très controversé Jair Bolsonaro, Sergio Moro a décidé de démissionner. Ce départ intervient huit jours après celui de Luiz Henrique Mandetta, ministre de la Santé.

24 avr. 2020, 19:13
Sergio Moro accuse le président d’extrême droite Jair Bolsonaro «d’ingérence politique» dans les affaires judiciaires.

Le ministre de la Justice du Brésil Sergio Moro, le plus populaire du gouvernement, a démissionné avec fracas vendredi. Il accuse le président d’extrême droite Jair Bolsonaro «d’ingérence politique» dans les affaires judiciaires.

En pleine crise du coronavirus, le gouvernement brésilien est secoué par un nouveau départ. Il y a huit jours, le ministre de la Santé Luiz Henrique Mandetta, également très populaire et favorable au confinement, contrairement au président, a été limogé.

La relation de Jair Bolsonaro avec Sergio Moro était déjà tendue depuis de longs mois. L’ancien magistrat anticorruption a finalement abandonné le navire après que le chef de l’Etat a évincé l’un de ses hommes de confiance, le chef de la Police fédérale Mauricio Valeixo.

 

 

«J’ai été surpris (par le limogeage de Mauricio Valeixo). Pour moi, c’est un signe qui montre que le président ne veut plus que je reste à mon poste», a lancé M. Moro lors d’un long discours au ministère.

Au Brésil, la Police fédérale est un des principaux organes d’investigation sous tutelle du ministère de la Justice et de la Sécurité publique.

Sergio Moro a lancé de graves accusations vendredi, affirmant que le président souhaitait placer à la tête de la Police fédérale «une personne avec qui il aurait un contact personnel, qu’il pourrait appeler pour obtenir des informations sur les enquêtes» en cours. Or certaines de ces enquêtes touchent des membres de la famille Bolsonaro, dont ses fils, ou des alliés proches.

Le changement à la tête de la Police fédérale sans cause réelle est une ingérence politique, qui entame ma crédibilité et celle du gouvernement.
Sergio Moro, ministre brésilien démissionnaire

«Le changement à la tête de la Police fédérale sans cause réelle est une ingérence politique, qui entame ma crédibilité et celle du gouvernement», a déploré Sergio Moro. «L’autonomie de la Police fédérale est une valeur fondamentale qui doit être préservée dans un état de droit», a-t-il insisté.

«Carte blanche violée»

Celui qui était considéré comme l’atout-maître du gouvernement avait fait profil bas depuis plus d’un an face aux multiples dérapages du président et aux humiliations que celui-ci lui a infligées. Mais l’ancien juge emblématique de l’opération anticorruption «Lavage express» a affirmé vendredi que la promesse d’une «carte blanche» pour le convaincre d’accepter d’entrer au gouvernement avait été «violée».

Au moment de quitter la salle où il a prononcé son discours, Sergio Moro, qui a abandonné une carrière de plus de vingt ans dans la magistrature pour entrer au gouvernement, a été applaudi par des fonctionnaires de son ministère. Et l’annonce de sa démission a été accueillie par un concert de casseroles dans de nombreuses villes brésiliennes.

Rival en puissance pour 2022

Pour Sylvio Costa, fondateur de Congresso em Foco, un site spécialisé sur le Parlement, le départ de Sergio Moro risque de porter un rude coup à la cote de popularité de Jair Bolsonaro, tout en «propulsant sur le devant de la scène» un rival pour la présidentielle de 2022.

Mais le chef de l’Etat a préféré prendre ce risque pour «se protéger» en tentant de placer un homme de confiance à la tête de la Police fédérale, qui mène des enquêtes touchant ses proches.

 

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