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Bélarus: Loukachenko donné en tête après une présidentielle tendue

Le président sortant du Bélarus, Alexandre Loukachenko, 26 ans de pouvoir au compteur, devrait remporter son sixième mandat d'affilée. Il avait été ébranlé après le réveil de l'opposition, mais devrait finalement resté à la tête du pays.

09 août 2020, 21:22
Alexandre Loukachenko aurait remporté près de 80% des voix lors de l'élection présidentielle.

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko était donné largement en tête de la présidentielle dimanche par un sondage officiel, après un scrutin tendu marqué par l'essor d'une rivale surprise. Celle-ci a su mobiliser les foules malgré une répression croissante.

La plupart des bureaux de vote ont fermé à 19h00 mais certains ont été autorisés à rester ouverts du fait de l'affluence, très forte avec des queues géantes qui se sont formées dans cette ex-république soviétique nichée entre l'UE et la Russie et dirigée depuis 1994 par M. Loukachenko.

 

 

Selon un premier sondage officiel réalisé à la sortie des bureaux de vote, le président bélarusse a obtenu 79,7% des voix, tandis que l'égérie de l'opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, est donnée deuxième avec 6,8%. Des résultats officiels sont attendus dans la nuit.

La campagne de cette dernière n'avait pas réagi à ces données, mais elle n'a eu cesse de dénoncer des fraudes massives orchestrées par le pouvoir pour accorder un 6e mandat au président sortant.

Professeur d'anglais de formation, cette femme de 37 ans avait estimé qu'il était "sans espoir" de s'attendre à un scrutin équitable du fait de "fraudes éhontées". Le nombre d'observateurs a été réduit au minimum et les observateurs internationaux indépendants n'ont pas pu venir.

 

 

Elle avait appelé ses partisans à se munir de bracelets blancs en allant voter, en signe de soutien et à envoyer des photos de leurs bulletins afin d'organiser un comptage indépendant.

Le scrutin s'est déroulé dans une atmosphère tendue, avec contrôles de police et circulation limitée à Minsk, la capitale, tandis que des blindés, véhicules anti-émeute et canons à eau étaient déployés, selon des journalistes de l'AFP. Des chants d'opposition résonnaient depuis des immeubles et de voitures.

"Sabotage"

Les communications par internet étaient extrêmement ralenties voire inaccessibles dimanche. Les autorités ont mis en garde contre toute mobilisation dans les rues.

Des petits groupes de gens se rassemblaient dans la soirée devant divers bureaux de vote, selon des journalistes de l'AFP et des médias, alors que l'opposition avait appelé ses électeurs à rester mobilisés pendant le dépouillement.

Les journalistes de l'AFP ont constaté de très longues files d'attente pour aller voter à Minsk comme à Moscou, où résident de nombreux Bélarusses. La présidente de la Commission électorale, Lidia Ermochina, a qualifié ces queues de "sabotage" de la présidentielle et de "provocation" organisée par l'opposition. La participation s'établissait à 79%, selon les chiffres de 17h00.

 

 

Après avoir voté, Alexandre Loukachenko a signifié qu'il n'y aurait ni "perte de contrôle" ni "chaos", alors que des appels à manifester étaient diffusés en ligne. Svetlana Tikhanovskaïa, dont l'ascension a galvanisé le Bélarus, a pour sa part réclamé une "élection honnête" après avoir voté.

Le pouvoir a redoublé d'efforts pour enrayer son essor après une campagne historique organisée avec deux autres femmes, Véronika Tsepkalo, compagne d'un opposant exilé, et Maria Kolesnikova, directrice de campagne d'un ex-banquier emprisonné alors qu'il souhaitait se présenter.

Samedi, la cheffe de son QG de campagne, Maria Moroz, a été arrêtée et Maria Kolesnikova brièvement interpellée. Dimanche, Véronika Tsepkalo a préféré partir en Russie.

"Impitoyable"

Selon l'ONG Viasna, plus de vingt personnes ont été arrêtées dimanche, dont trois journalistes russes. Neuf membres de l'équipe de Mme Tikhanovskaïa ont aussi été détenus ces derniers jours, selon sa campagne.

Vadim Svichkarev, agent de sécurité de 49 ans, a dit espérer un changement: "C'est très difficile de ne pas avancer pendant 26 ans", dit-il en référence au quart de siècle de pouvoir de M. Loukachenko. Dans ce contexte, beaucoup craignent que la répression puisse s'accentuer en cas de contestation populaire.

"Connaissant la nature impitoyable de Loukachenko, quiconque s'intéresse au Bélarus s'inquiètera pour le peuple bélarusse dans les prochains jours", affirme à l'AFP Nigel Gould-Davies, analyste à l'International Institute for Strategic Studies et ancien ambassadeur britannique à Minsk.

 

 

Avant l'émergence de Mme Tikhanovskaïa, les principaux rivaux de M. Loukachenko avaient été écartés: deux sont incarcérés, un troisième est en exil. Les trois autres candidats autorisés n'ont pas mobilisé.

L'opposante avait remplacé au pied-levé en mai son mari Sergueï, blogueur en vue emprisonné alors qu'il faisait campagne. En cas de victoire, elle a promis de libérer "les prisonniers politiques", et d'organiser une réforme constitutionnelle puis de nouvelles élections.

 

 

Sa montée en puissance s'est faite sur fond de difficultés économiques croissantes, aggravées par des tensions avec la Russie, accusée de chercher à vassaliser le Bélarus, et de la réponse controversée d'Alexandre Loukachenko à l'épidémie de nouveau coronavirus, qu'il a qualifiée de "psychose".

Le Bélarus n'a pas organisé de scrutin jugé libre depuis 1995. A plusieurs reprises, les manifestations y ont été matées sans ménagement.

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