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Avion malaisien, passagers chinois, eaux internationales, enquête difficile

La disparition du Boeing 777 de Malaysia Airlines met les enquêteurs face à un cas qui ne s'apprend pas dans les manuels. L'avion est malaisien, la majorité des passagers chinois, le constructeur américain, le moteur britannique, les eaux internationales...

30 mars 2014, 10:12
Si la collaboration entre les marines américaine et australienne se passe bien, le fait qu'une vingtaine de pays soient impliqués dans cette disparition compliquera inévitablement l'enquête.

Un avion malaisien tombé dans les eaux internationales avec une majorité de passagers chinois, des recherches menées par une vingtaine de pays, une épave introuvable: l'enquête sur la disparition du vol MH370 promet d'être longue et conflictuelle.

"On est face à une catastrophe aérienne bien plus complexe que celles qui figurent dans les manuels, et la Malaisie va être débordée si elle décide de mener l'enquête seule", avertit l'expert indépendant Gerry Soejatman.

Immatriculé en Malaisie, le Boeing 777 qui transportait 227 passagers et 12 membres d'équipage s'est abîmé dans les eaux internationales de l'océan Indien, ce qui fait que l'enquête devrait échoir à Kuala Lumpur, selon le droit international. Mais faute d'expertise ou de moyens appropriés, la Malaisie peut déléguer une partie de son autorité.

L'Australie devrait avoir une part prépondérante dans les futures investigations dans la mesure où les débris récupérés en mer devraient être ramenés à Perth (ouest) d'où sont coordonnées les recherches.

L'agence américaine de la sécurité dans les transports (NTSB) et l'agence britannique d'enquête sur les accidents aériens (AAIB) seront également partie prenante puisque le constructeur de l'avion, Boeing, est américain, et les moteurs sont sortis des usines du britannique Rolls-Royce.

Pressions chinoises

La Chine, dont 153 ressortissants se trouvaient à bord de l'avion, soit deux tiers des passagers, exerce une forte pression sur la Malaisie pour que ses experts soient associés à l'enquête.

"Le problème pour la Malaisie est qu'elle pourrait finir par n'être plus que spectatrice", note Gerry Soejatman. Il estime que l'immixtion de Pékin "pourrait se révéler piégeuse pour la Malaisie" tant les tensions sont fortes entre les deux pays depuis la disparition de l'avion. D'autant que les causes de la disparition de l'avion restent mystérieuses et les hypothèses vont du suicide d'un des deux pilotes à une gigantesque panne.

En 1997, un Boeing 737 de la compagnie SilkAir assurant la liaison Jakarta-Singapour avait plongé dans une rivière, tuant les 104 passagers à bord. Les enquêteurs américains avaient conclu au suicide du commandant alors que rien, selon Singapour, n'étayait cette version.

"Des conflits surviennent dans des enquêtes d'accident compliquées où la cause du crash n'est pas flagrante et la Malaisie se heurtera à ces problèmes", confirme Paul Yap, spécialiste d'aéronautique à la Temasek Polytechnic de Singapour.

Le NTSB avait aussi conclu à un suicide du copilote du vol 990 d'EgyptAir, tombé dans l'Atlantique en 1999 avec 217 personnes, pendant une pause du commandant de nord. Les autorités égyptiennes ont là encore toujours réfuté cette théorie.

Conclusions divergentes également entre les enquêteurs américains et espagnols d'un côté, néerlandaises de l'autre, après la collision, le 27 mars 1977, entre un Boeing 747 de la KLM et un autre de la Pan Am, sur l'aéroport de Tenerife aux Canaries (583 morts). Cet accident reste à ce jour le plus meurtrier de l'aviation civile.

Juge et partie

La Malaisie devrait exiger de conserver la haute main sur l'enquête, mais son gouvernement autoritaire est réputé pour son manque de transparence dans la gestion des affaires publiques. Il est aussi accusé de maintenir à flot Malaysia Airlines, déficitaire, et d'être par conséquent juge et partie.

Les autorités malaisiennes soutiennent que l'avion a été délibérément dérouté et qu'il a volé plusieurs heures durant vers le sud de l'océan Indien, tombant en mer à l'épuisement de ses réserves de carburant.

Mais aucun élément matériel n'est venu jusqu'ici ne serait-ce qu'apporter un semblant de début de crédit à cette hypothèse, pas plus qu'à une autre -acte désespéré du pilote ou copilote, incident ayant privé les pilotes du contrôle de l'appareil, etc.

Comparaison est souvent faite avec le vol 447 d'Air France qui avait disparu au-dessus de l'Atlantique en juin 2009 après un problème lié à une sonde de vitesse et une mauvaise appréciation de la situation par le personnel de navigation.

Les enquêteurs savaient où chercher et des morceaux de l'appareil avaient été retrouvés cinq jours plus tard. Mais il avait fallu 23 mois pour retrouver les boîtes noires et en savoir plus sur le drame qui avait coûté la vie à 228 personnes.

Jean-Paul Troadec, l'ancien directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) qui avait enquêté sur l'accident du vol AF447, estime que le cas du vol MH370 est de loin plus tortueux.


 

 
 
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