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Internet: la plupart des gens sous-estiment la criminalité sur la toile

Vous ne donneriez pas votre adresse à un étranger dans la rue. Et pourtant, vous le faites probablement tous les jours, sur internet. La cybercriminalité est largement sous-estimée au sein de la population, selon l'Office fédéral de la police.

29 mai 2015, 10:00
Les criminels et les terroristes ont rapidement su tirer profit de la naïveté des internautes.

On ne se fait pas seulement voler ou attaquer dans la rue. Les terroristes et les malfrats sont aussi présents sur Internet. Pourtant, la population ne se comporte pas de la même façon face à ces deux univers, note l'Office fédéral de la police (fedpol).

"Nous ne donnerions pas notre adresse à un étranger dans la rue, et encore moins les clefs de notre maison. Alors que dans le monde virtuel... Toutes nos informations personnelles, comme nos données de carte de crédit, y sont plus rapidement dévoilées." souligne la directrice de fedpol Nicoletta della Valle dans le rapport annuel publié vendredi.

Endoctrinement

Or les dangers existent. L'utilisation des réseaux sociaux par les djihadistes s'est intensifiée. Ils y trouvent de nombreuses occasions de recruter et d’endoctriner des partisans. Le djihad est romancé et présenté comme une solution toute faite à ceux qui cherchent à donner un sens à leur vie.

Mais ces mirages éclatent dès qu’ils sont confrontés à la réalité de la guerre. Les jeunes concernés sont rattrapés dans le monde réel par le préjudice et la honte de leur propre aveuglement, poursuit Mme della Valle.

Fedpol finalise son enquête sur un administrateur influent du plus important forum Internet anglophone et qui a diffusé à large échelle des images et des vidéos à la gloire des djihadistes. L'office, qui affirme traquer sans relâche les activités suspectes, a aussi pu constater qu’une part croissante des individus actifs sur la Toile en Suisse est originaire de l’Europe du Sud-est.

Collaboration nécessaire

Une lutte efficace contre la radicalisation via Internet ne sera possible qu’en collaboration étroite avec les fournisseurs d’accès. Ceux-ci détiennent en effet les données dont l’obtention est nécessaire à la poursuite pénale.

Les interdictions d'entrée en Suisse prononcées par fedpol et liées au terrorisme ou à l'extrémisme ont par ailleurs augmenté, de 14 en 2013 à 32 en 2104. L'office s'engage enfin dans la task force interdépartementale de lutte contre le terrorisme à motivation djihadiste.

Sa directrice rappelle le fragile équilibre entre mesures sécuritaires et libertés individuelles. Seul le passage à l’acte ou sa préparation sont punissables par la loi. S’il ne s’agit que de fantasmes, l’Etat doit rester en retrait. Mais si des préparatifs à leur réalisation sont effectués, il lui reste peu de temps pour les mettre au jour et éviter un possible désastre.

Cybercriminalité

Le terrorisme n'est pas le seul pan de la cybercriminalité qui préoccupe fedpol. Les annonces d'infractions contre le patrimoine ont nettement augmenté et représentent 66,9% des cas.

Les criminels recourent toujours plus à des maliciels qui téléchargent, à partir d'ordinateurs infectés, des mots de passe vers des comptes e-mail ou des services de paiement en ligne. Ces données peuvent être vendues sur des forums clandestins ou servir à commettre d'autres délits. A moyen terme, ces attaques devraient se multiplier.

Autre problème, le déplacement des activités illégales, comme la pornographie ou le trafic d'armes et de stupéfiants, vers le "darknet". Souvent la seule possibilité d'agir est l'intervention d'agents infiltrés. D'une manière générale, fedpol mise sur la coopération internationale pour mieux combattre la cybercriminalité.

Autres dangers

Mais il a également d'autres défis à relever, comme la lutte contre le crime organisé. La 'Ndranghetta est l'organisation criminelle italienne la plus présente en Suisse. Ce pays restera en outre un endroit privilégié pour le placement de fonds criminels par les groupes de l'ex-Union soviétique. Selon l'office, les conditions sont aussi réunies pour un essor de la criminalité en provenance de l'Europe du Sud-Est.

Les fonds des personnes politiquement exposées représentent quant à eux non seulement un risque pénal mais également une menace pour la réputation de la Suisse car ils attirent l'attention des services de renseignement étrangers. Enfin, le bitcoin tient pour l'instant de l'épiphénomène. Mais si cette monnaie virtuelle devait être plus souvent acceptée comme moyen de paiement, les abus pourraient se multiplier.

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